Ce n'est pas une bonne nouvelle. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) dresse un diagnostic inquiétant sur la liberté de la presse au Maroc. Dans son rapport annuel du classement mondial 2018, publié ce mercredi, le Maroc se situe dans la zone "rouge" que RSF qualifie de "situation difficile". Dans ce classement, le Maroc est à la 135ème place, perdant, ainsi, deux points par rapport à l'an dernier. RSF estime que la tendance est la même au niveau de l'Afrique du nord où "les journalistes continuent de subir de multiples pressions". Le rapport attribue les raisons aux "cadres législatifs restrictifs", aux "entraves à l'exercice du journalisme sur le terrain, en particulier lors des manifestations", mais aussi aux "nombreux sujets tabous" représentant, pour RSF, autant "de contraintes qui empêchent les journalistes de remplir pleinement leur rôle et d'assurer une information indépendante, plurielle et libre". RSF estime que le Hirak du Rif a mis "en évidence les difficultés que rencontrent les journalistes marocains et étrangers qui tentent de couvrir les mouvements sociaux ou s'attaquent à des sujets jugés tabous". Et de préciser qu'entre mai et juillet 2017, les journalistes couvrant les manifestations populaires ont été la cible d'"une vague de répression". RSF recense "14 arrestations de journalistes et de journalistes-citoyens", ainsi que "plusieurs cas d'expulsions de journalistes étrangers". Pour RSF, malgré la réforme engagée, la loi relative à la presse au Maroc renvoie au code pénal et à la loi sur le terrorisme. Et de souligner "l'insuffisance" des cadres légaux qui pourraient protéger le journaliste. "Les journalistes de la région risquent des peines de prison ferme, dès lors que leurs enquêtes dérangent un peu trop les autorités". RSF cite le cas du journaliste et directeur du site Badil.ma (suspendu) Hamid El Mahdaoui, en détention depuis juillet 2017. Arrêté dans le cadre des événements du Rif, El Hamdaoui avait été condamné en première instance à trois mois de prison ferme et à une amende de 20.000 dirhams. En appel, sa condamnation a été élevée à un an de prison ferme. "Actuellement emprisonné comme quatre autres journalistes et journalistes-citoyens et trois collaborateurs de médias, il est jugé dans le procès du Hirak qui va sur sa 50ème audience". Dans le classement RSF de la liberté de la presse, l'Algérie arrive tout de suite après le Maroc à la 136ème position, reculant aussi de deux points par rapport à l'an dernier. Seule la Tunisie a réussi à garder sa place au 97ème rang. La Libye, elle, gagne un point en montant à la 167ème place du classement. Mais, ce point décroché par la Libye n'est pas si positif que cela. À en croire RSF, c'est "une hausse en trompe-l'oeil" qui s'explique par "le fait que de nombreux journalistes ont fui une Libye devenue trop dangereuse, faisant ainsi baisser le nombre d'exactions". Chaque année, ce classement évalue la situation du journalisme dans 180 pays. Pour RSF, une conclusion est claire: "la haine du journalisme menace les démocraties".