Historiquement, le déficit budgétaire au Maroc a constitué un stimulant important des mécanismes économiques. Après l'indépendance, le Maroc s'est endetté massivement pour faire face aux besoins urgents d'infrastructure (politique des grands chantiers) en termes de barrage, d'autoroute, et d'hôpitaux...Cette politique, malgré la rupture qu'elle a enregistrée entre 1980 et 1999, a commencé à s'émerger graduellement à partir de l'année 2000, ce qui a conduit à une tendance haussière du déficit budgétaire. Aujourd'hui, et à l'heure de la pandémie covid-19, les autorités économiques marocaines (Bank Al-Maghreb, Ministère de l'Economie et des Finances...) pourraient toujours utiliser la politique budgétaire pour lutter contre les effets négatifs de cette crise. En effet, elles seront confrontées à deux scénarios possibles : soit de donner la primauté à l'équilibre budgétaire (recettes = dépenses) au détriment de la croissance, ou de la croissance économique au détriment de l'équilibre budgétaire (dépenses supérieures auxrecettes). Dans le premier scénario, qui se traduit parle respect de l'équilibre budgétaire, les autorités économiques vont opter pour une politique d'austérité (pour éviter l'inflation et l'endettement extérieur) afin de contrecarrer les effets négatifs engendrés par ladite crise. Certes, cette politique permettrait de maintenir l'équilibre budgétaire, d'éviter l'endettement l'extérieur, et surtout de préserver l'indépendance du Maroc par rapport à l'étranger (réserve en devises...).Mais, cette politique générerait également la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens, l'augmentation du taux de chômage, et par conséquent, l'aggravation de la décroissance économique déjà en crise suite aux répercussions de cette pandémie. Cependant, si les autorités économiques pratiquent une politique expansionniste, celle-ci ne pourrait être productivequ'à travers l'endettement extérieur. Ainsi, Il faut rappeler dans ce sens que la consommation nationale est liée d'une manière significative à l'importation étrangère (blés, machines, biens de consommation...), ce qui expose le Maroc à une augmentation du besoin en devises qui ne pourrait êtrecomblée qu'à travers l'endettement extérieur. De même, cette politique d'endettement extérieur certes permettrait de redynamiser l'économie marocaine, d'augmenter le pouvoir d'achat des citoyens et de stimuler tout le secteur productif de notre pays. Mais, cette politique engendrerait également une dépendance accrue envers l'étranger, qui risquerait d'hypothéquer l'avenir des générations futures et des politiques économiques qui en découlent en termes de productions, de revenu, et de répartition des richesses (remboursement des dettes...). Toutefois, les effets pervers de cette politique pourraient être minimisés si les mesures de transparences, d'équité et de démocratie ne tardent pas de s'installer et de s'améliorer. En effet, seules ces mesures sont capables d'encourager l'initiative individuelle, d'assurer la concurrence légale, d'encourager la production nationale, et d'éviter la dépendance à l'extérieur en termes de devise et d'importation. À suivre (*) Professeur universitaire Economiste-fiscaliste