Le vainqueur du Tour de France cycliste, l'Américain Floyd Landis, a fait l'objet d'un contrôle antidopage positif à la testostérone pendant l'épreuve, a annoncé jeudi son équipe Phonak. Dans un entretien au magazine "Sports Illustrated", l'intéressé a démenti s'être dopé, invoquant comme explication possible "des problèmes de thyroïde" qui l'ont forcé à prendre quotidiennement depuis un an des "petites quantités d'hormone de thyroïde". Il a expliqué que son taux de testostérone était peut-être naturellement élevé tout en reconnaissant ne se faire "aucune illusion" sur le résultat de la contre-expertise de l'échantillon "B" qu'il compte demander l'analyse et qui sera pratiquée dans le même laboratoire français de Châtenay-Malabry. Landis a été positif, suivant le ratio testostérone/épitestostérone, au soir de sa victoire le 20 juillet dans la 17e étape du Tour à Morzine (Haute-Savoie) qu'il avait gagnée après un raid solitaire de 130 kilomètres en montagne. Le coureur américain, 30 ans, a récupéré le maillot jaune deux jours plus tard et a remporté dimanche sa première Grande Boucle. S'il était convaincu de dopage, Landis serait le premier vainqueur dans l'histoire du Tour à être déclassé après l'arrivée. Mercredi, l'Union cycliste internationale (UCI) avait annoncé qu'un contrôle antidopage pratiqué pendant le Tour avait donné lieu à un "résultat anormal". Sans citer le nom du coureur en cause ni la substance incriminée. La fédération internationale avait précisé que le résultat "concerne la première analyse" et "doit être confirmé soit par une contre-analyse demandée par le coureur, soit par le fait que le coureur renonce à une telle contre-analyse". Le premier maillot jaune Le coureur américain est le premier maillot jaune à être déclaré positif à un contrôle classique (urinaire) depuis l'Espagnol Pedro Delgado en 1988. Mais Delgado n'avait pas été sanctionné, le médicament (probénécide) retrouvé dans ses urines n'étant pas interdit à l'époque par le règlement cycliste qui différait de la liste du Comité international olympique (CIO). En revanche, les derniers vainqueurs du Tour ont été touchés un jour ou l'autre par la suspicion. L'Allemand Jan Ullrich, vainqueur en 1997, est impliqué dans l'enquête en cours sur un réseau présumé de dopage sanguin en Espagne. Il a rejeté les accusations portées contre lui mais a été licencié par son équipe. Son suivant au palmarès, l'Italien Marco Pantani (1998), a été exclu du Giro en 1999, à la veille de l'arrivée, à cause d'un hématocrite hors norme. Quant à l'Américain Lance Armstrong, qui a toujours nié s'être dopé, il a été accusé l'an passé à propos de la première de ses sept victoires (1999) sur la base d'échantillons qui contiendraient de l'EPO. L'analyse a été faite à titre de recherche, hors du cadre formel des contrôles. Le règlement antidopage de l'UCI prévoit qu'une infraction "en relation avec un contrôle en compétition conduit automatiquement à l'annulation des résultats individuels obtenus lors de cette compétition", à moins que le coureur parvienne "à établir qu'il n'a commis aucune faute ou négligence" et que ses résultats dans aucune autre étape n'ont pas été influencés par cette violation. Le Code mondial antidopage, qui a été signé par l'UCI, fixe à deux ans, sauf cas particuliers, la période de suspension pour une violation du règlement antidopage. Le précédent au cas Landis est celui de Roberto Heras, convaincu de dopage à l'EPO après sa victoire à la Vuelta en septembre dernier. L'Espagnol a été disqualifié et la victoire est revenue sur tapis vert au deuxième de l'épreuve, le Russe Denis Menchov. Dans le Tour 2006, l'Espagnol Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne) a obtenu la deuxième place devant l'Allemand Andreas Kl den. Si aucun scandale de dopage n'a éclaté pendant la course, au contraire de l'édition 1998 (affaire Festina), son approche a été bouleversée par les remous de l'affaire espagnole, dite "Puerto" ou du Dr Fuentes. Plusieurs favoris, principalement l'Italien Ivan Basso et l'Allemand Jan Ullrich, ont été exclus par leurs équipes le 30 juin, veille du départ à Strasbourg. Un scénario inattendu Privée de ses leaders, la Grande Boucle a recréé ses propres têtes d'affiche, notamment dans les Alpes, où les acteurs ont joué un scénario inattendu qui a séduit le public. Défaillant dans la montée de La Toussuire, distancé de plus de huit minutes par ses rivaux, Landis a rétabli la situation le lendemain au prix d'un exploit rappelant ceux de ses aînés, notamment Eddy Merckx, qui lui avait conseillé d'attaquer. Après le Tour, Landis avait prévu de courir plusieurs critériums en Europe et de rentrer aux Etats-Unis. Il devait revenir pour le Tour de Grande-Bretagne (29 août au 3 septembre) avant de se faire poser une prothèse à la hanche droite. Souffrant d'une nécrose suite à une chute survenue en 2003, l'Américain peut se soigner avec des médicaments à base de corticoïdes. Pendant le Tour, il aurait déclaré en avoir utilisé par le passé mais y avoir renoncé ensuite. S'il ne prouve pas son innocence, Landis risque le licenciement par son équipe qui a annoncé vouloir appliquer le code éthique signé par les formations du ProTour. En attendant la contre-analyse, Phonak a précisé dans un communiqué que le coureur était retiré des courses.