La secrétaire d'Etat américaine exclut de retourner au «statu quo antérieur», dans la région embrasée. Ehoud Olmert de son côté n'entend pas modifier sa stratégie consistant à anéantir le Hezbollah. Elle semble vouloir imposer une nouvelle approche de la diplomatie et se distinguer, par-là, de ses aînés. Peu d'informations filtrent de ses visites. Nouvelle étape de sa tournée dans la région, la secrétaire d'Etat américaine a rencontré mardi à Jérusalem le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, à la veille de la réunion internationale de Rome, visant à trouver une issue à la crise proche-orientale. Lors de cet entretien, les deux interlocuteurs ont convenu que toute résolution du conflit passait par le désarmement des combattants du Hezbollah, leur retrait du Sud-Liban et le déploiement d'une force internationale garantissant la sécurité d'Israël. L'occasion pour le chef du gouvernement israélien d'annoncer un pont aérien humanitaire au Liban, tout en réaffirmant sa volonté d'éliminer le mouvement chiite libanais. Consolider les forces de la paix et de la démocratie Condoleezza Rice a toutefois profité de cette entrevue pour expliquer le bien-fondé de la vision américaine. Elle, qui avait présenté très clairement lundi ces conditions à un cessez-le-feu aux dirigeants libanais, a déclaré qu'il était temps de construire «un nouveau Moyen-Orient». «La solution durable sera celle qui consolide les forces de la paix et de la démocratie dans la région», a-t-elle argué avant son entrevue avec Olmert. «Il est temps de construire un nouveau Moyen-Orient. Il est temps de dire à tous ceux qui ne veulent pas d'un nouveau Moyen-Orient que nous allons l'emporter». «Nous ne pouvons pas retourner au statu quo antérieur lorsque les extrémistes pouvaient décider à tout moment de prendre la vie d'otages innocents et utiliser leurs roquettes et leur capacités». Arrivée la veille à Jérusalem après une visite surprise à Beyrouth, Condoleezza Rice s'est aussi fait la porte-parole des inquiétudes de la communauté internationale concernant la situation humanitaire au pays du Cèdre. Pérès : «Ce sera nous ou le Hezbollah» Peu avant cette rencontre-clef, Ehoud Olmert avait donné le ton, laissant entendre qu'il ne bougerait pas d'un iota quant à l'offensive. «Il va falloir que nous continuions à combattre. Nous exerçons notre droit fondamental à l'auto-défense.» Et, alors que l'offensive israélienne a déjà fait quelque 400 morts en quatorze jours, Ehoud Olmert précise: «Nous ne combattons pas le gouvernement libanais ou le peuple libanais. Nous nous battons contre le Hezbollah. J'espère que le gouvernement libanais prendra ses distances avec le Hezbollah». Peu avant, le vice-premier ministre israélien, Shimon Pérès, a renchéri à la tribune de la Knesset et, s'adressant au peuple libanais, le prix Nobel de la Paix a martelé : «Ce sera nous ou le Hezbollah». Au quatorzième jour de l'offensive d'Israël menée contre le mouvement chiite libanais, l'heure du compromis n'a donc pas sonné pour l'Etat hébreu. Rice pour « deux Etats vivant en paix l'un à côté de l'autre » A l'issue de sa rencontre avec Ehoud Olmert, Condoleezza Rice s'est entretenue avec Mahmoud Abbas, le président palestinien, à Ramallah, où plus de 2.000 personnes ont manifesté pour afficher leur soutien au chef du Hezbollah et bête noire d'Israël, Hassan Nasrallah. «Bush criminel», «Les Etats-Unis sont les terroristes» ou encore «Rice tu es un corbeau, quel malheur apportes-tu avec toi» étaient, parmi d'autres, les slogans scandés par la rue. Des protestations qui ne l'ont pas empêchée de plaider pour la création d'un Etat palestinien. «Même au moment où nous travaillons à la résolution de la situation au Liban, nous devons rester concentrés sur ce qui se passe ici, dans les Territoires palestiniens. Sur notre désir de revenir à la vision de deux Etats vivant en paix l'un à côté de l'autre», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse. Le président de l'Autorité palestinienne a pour sa part espéré que le soldat israélien, Gilat Shalit, enlevé par un commando d'activistes palestiniens il y a un mois serait libéré. «De notre côté, nous ferons le maximum d'efforts pour relancer le processus de paix et pour garantir la libération du soldat», a-t-il dit, avant d'appeler de ses vœux «un cessez-le-feu immédiat», ainsi qu'un arrêt des opérations sur les deux fronts d'Israël. «L'agression dans la bande de Gaza et en Cisjordanie doit s'arrêter et un cessez-le-feu immédiat doit être mis en place», a affirmé le successeur de Yasser Arafat qui réclame des «négociations» entre Israël et le gouvernement libanais.