Dans le cadre de la lutte anti-terroriste, le New York Times et le Los Angeles Times ont révélé hier que l'administration Bush et la CIA épient les transactions financières des particuliers depuis les attentats du 11 septembre 2001. La Suisse est associée à cette supervision. La Maison Blanche a vainement tenté de dissuader le New York Times et le Los Angeles Times de publier leurs enquêtes hier. Question de sécurité nationale, affirmait-on dans l'entourage de George Bush. Les deux quotidiens ont refusé de s'exécuter. Ils ont révélé que le gouvernement américain s'intéresse depuis les attentats du 11 septembre 2001 de très près aux comptes bancaires et transactions financières internationales. L'administration Bush a mis ses agents du Trésor et de la CIA sur le coup. Et d'après les révélations des deux quotidiens, «des dizaines de milliers de recherches» ont été effectuées sans aucun mandat de perquisition ces cinq dernières années dans une gigantesque base de données de transactions financières basée en Belgique. Comme dans la récente affaire des écoutes téléphoniques, la Maison Blanche n'est pas passée par les tribunaux américains pour obtenir l'autorisation de procéder à de tels contrôles. Elle n'a pas non plus cherché à obtenir l'accord du Congrès, préférant s'appuyer sur les pouvoirs d'urgence accordés au président au lendemain des attentats du 11 septembre pour justifier sa démarche. Accord secret Les représentants du gouvernement américain auraient conclu un accord secret avec le conseil d'administration de Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), un intermédiaire bancaire. Cette coopérative joue le rôle de messager dans le cadre de virements internationaux par exemple et met en contact la banque d'origine de la transaction avec celle qui en est le destinataire. Elle traite quotidiennement 12,5 millions de messages pour un montant de 6 trillions de dollars. Swift appartient à 2200 organismes bancaires internationaux et est supervisé depuis 1998 par les banques centrales du G10 (Suisse, Canada, Etats-Unis, Union européenne, Allemagne, France, Suède, Angleterre, Japon, Pays-Bas et Italie). Au sein du conseil d'administration, on retrouve les représentants de grands groupes financiers mondiaux dont le Credit Suisse et l'UBS. Au lendemain, des attentats du 11 sepetmbre, le conseil d'administration de Swift et les banques centrales du G10 ont été contactés par les autorités américaines qui ont demandé à pouvoir obtenir les transactions gérées par Swift. La Suisse était donc au courant de cette supervision. Dans un communiqué publié sur son site Internet, Swift affirme avoir dû se plier aux mandats américains et de s'être acquitté de ses obligations légales tout en préservant la confidentialité de ses utilisateurs. La coopérative dit aussi avoir reçu des assurances américaines sur la protection des données fournies à Washington. Selon les membres de l'adminsitration Bush cités sous le couvert de l'anonymat par le New York Times, Swift aurait été un partenaire volontaire. De son côté, le Trésor affirme n'avoir fait qu'un usage limité des données obtenues. Le New York Times précise toutefois que des garde-fous n'ont que progressivement été mis en place. Coup de filet antiterroriste Le FBI a arrêté sept personnes soupçonnées de préparer des attentats contre la tour Sears de Chicago (442 m), le troisième plus haut édifice du monde avec 110 étages. Des bâtiments fédéraux à Miami étaient également menacés, a indiqué une source proche du Bureau fédéral d'enquête. Selon cette source, qui commentait un communiqué émanant des autorités de Floride, les suspects pensaient être en relation avec le réseau Al- Qaida et ont été dénoncés par un informateur fédéral infiltré dans leurs rangs. Des responsables de la police cités par le Washington Post ont indiqué de leur côté que le complot en était à ses débuts. Aucune arme ou explosif n'a été trouvé lors de ces raids, y compris lors d'une perquisition dans un entrepôt de la banlieue déshéritée de Liberty City à Miami où des agents fédéraux armés jusqu'aux dents ont été aperçus par des habitants jeudi après-midi. Ils ont quitté les lieux dans la soirée. Selon les télévisions, une autre personne a également été arrêtée à Atlanta, en Géorgie. Le gouvernement disposait d'une «taupe» avec laquelle les conjurés avaient discuté de leurs projets. «Il n'existait pas de menace immédiate parce que nous étions au courant de leurs débats», a dit cette source. Le Parquet du district sud de la Floride a confirmé ces arrestations sans entrer dans les détails. Il a précisé toutefois qu'il n'y avait aucun danger pour la population de Miami. Plusieurs enquêtes liées à des affaires de terrorisme ont eu lieu en Floride. Plusieurs des pirates de l'air du 11 septembre, dont Mohamed Atta, ont séjourné dans cet Etat. Certains des pirates avaient pris des leçons de pilotage dans la région avant de détourner les avions vers le World Trade Center de New York ou le Pentagone.