Comme prévu, le procès du pornographe d'Agadir s'est poursuivi ce mardi matin à Bruxelles, entre plaidoiries et réquisitoire. Le procureur du roi a demandé que Philippe Servaty écope de deux ans de prison, mais les parties civiles juge cette peine beaucoup trop légère, vu l'ampleur du dommage. A présent, tout est entre les mains du juge. C'est à une longue audience qui s'est tenue durant toute la matinée du mardi 8 janvier au tribunal correctionnel de Bruxelles. Pendant son plaidoyer, le procureur du roi [ministère public] a demandé deux ans de prison pour le pornographe d'Agadir, Philippe Servaty, disant qu'il ne s'oppose pas à ce que cette sanction soit assortie d'un sursis et d'une amende, ont indiqué Maitre Redwan Mettioui et Maitre Isa Gultaslar, avocats représentant les victimes marocaines, contacté par Yabiladi à l'issue de l'audience vers 13 heures. Selon le procureur, l'accusé a déjà été « professionnellement condamné puisqu'à l'époque, il a été licencié par le journal Le Soir, et qu'il a également déjà payé socialement puisqu'il a reçu plusieurs menaces de mort », rapporte RTBF. «L'important, c'est que les femmes [marocaines] soient rétablies dans leur dignité et que leur statut de victime soit reconnue», a-t-il estimé. Une opinion partagée par l'avocat de Servaty qui jugerait les poursuites contre son client « non recevables » parce que l'affaire date d'il y a longtemps [2004]. Plus question de viol sur mineur: L'ex-journaliste était jugé pour débauche ou prostitution de mineur, viol sur mineur de moins de 14 ans, diffusion d'images pornographiques présentant des mineurs, traitement dégradant et exposition et distribution d'images pornographiques. Cependant, le « viol sur mineur de moins de 14 ans » a été remplacé par l'attentat à la pudeur. Pour cause : l'âge exact de l'une des victimes [Samira], au moment, des faits reste incertain. Lorsque la victime est âgée de moins de 14 ans, l'acte est considéré comme « un viol technique », même s'il est consenti, explique Me Gultaslar. Si la victime est âgée de plus de 14 ans et moins de 16 ans, avec ou sans consentement, on parle d'attentat à la pudeur. « Il n'y avait pas de certitude quant à l'âge de la jeune fille au moment des faits. Nous soutenons que le viol a eu lieu en 2001, donc elle avait moins de 14 ans, mais Servaty défend que les relations ont eu lieu en 2004. Aujourd'hui, le procureur estime que les faits se seraient peut-être déroulés en 2002 et la victime avait dépassé les 14 ans », explique l'avocat. Pour rappel, Samira est l'une des jeunes femmes photographiées dans des positions sexuelles «dégradantes» par l'accusé. Servaty mérite plus de deux ans de prison: « Pendant notre plaidoirie, nous avons pris le temps qu'il fallait pour expliquer dans les moindres détails les faits. La Cour m'a semblée attentive », indique Me Mettioui. Mais, deux ans de prison avec ou sans sursis, « c'est très en deçà de ce qui aurait dû être fait, compte tenu de l'ampleur du dommage », relève-t-il. « Il est facile de venir au Maroc avec un statut d'occidental bourgeois et un pouvoir d'achat élevé pour séduire, tromper ou abuser des jeunes filles qui, selon Philippe Servaty lui-même, vivent dans une précarité affective et sociale », dénonce Me Gultaslar. La partie civile a réclamé l'établissement des préventions [accusations], ainsi qu'un dédommagement moral pour les victimes. Pour les parties civiles, les victimes attendent ce procès depuis sept ans et aujourd'hui, elles veulent toutes obtenir gain de cause. « Servaty ne s'imaginait pas qu'il aurait pu être jugé en Belgique, mais c'est fait. On ne sait pas encore ce que le tribunal décidera, mais nous voulons que justice soit faite », clame Me Gultaslar. Lors de l'instruction d'audience début décembre avait suscité beaucoup d'espoir ces les parties civiles. Et le fait que le tribunal ne soit pas dans l'obligation de répondre favorablement à la requête du procureur [deux ans de prison], maintient cet espoir. A présent, il faut attendre le 19 février prochain, date à laquelle le juge rendra son verdict.