Les rideaux se sont levés jeudi soir dans les théâtres de Broadway après dix-neuf jours d'une grève des machinistes qui a coûté des millions de dollars à l'industrie du spectacle de New York. Des comédies musicales mondialement connues telles que "Le fantôme de l'Opéra", "Chicago", ou "Le roi Lion", fermées depuis le 10 novembre, avaient rouvert leurs portes pour des spectateurs ravis, dont beaucoup d'étrangers. Lisa Robins, qui avait des places pour le "Fantôme" depuis octobre, se dit ravie. "C'est merveilleux parce que nous sommes venus d'Arkansas et nous pensions ne pas réussir à le voir. Ce matin, nous nous sommes réveillés, nous avons allumé la télé et nous nous sommes écriés: "super, on peut y aller!", dit-elle. Les billets de certains spectacles, comme "Chicago", pour le jour même avaient été vendus à prix réduit. Les machinistes de la célèbre avenue new-yorkaise avaient débrayé depuis le 10 novembre, interrompant des négociations menées depuis l'arrivée à échéance de leurs contrats en juillet. Les producteurs de théâtre souhaitaient introduire plus de souplesse dans les critères d'embauche. Mais le syndicat Local One, qui représente de 350 à 500 machinistes de Broadway, considérait que les propositions de la Ligue étaient insuffisantes, notamment sur les garanties minimum d'emploi. Les pourparlers avaient repris ces jours derniers, les deux parties voulant trouver une solution avant Noël, après avoir déjà manqué la période de "Thanksgiving" (fête de l'action de grâce) la semaine dernière. Les détails de l'accord conclu par Local One et la Ligue des producteurs de théâtre n'étaient pas connus jeudi, mais les deux parties s'estimaient satisfaites. "L'accord est un bon compromis qui sert notre industrie. Le plus important est que les lumières de Broadway vont briller à nouveau", a indiqué Charlotte St. Martin, directrice générale de la Ligue. "Les gens de Broadway sont impatients de reprendre le travail, de faire partager au public la joie de Broadway, le plus beau divertissement du monde", a ajouté James Claffey, président de Local One. Vingt-six spectacles, soit la majorité des super-productions --comédies musicales et pièces de théâtre-- étaient déprogrammés depuis le début du mouvement. Certains autres, comme "Mary Poppins", n'avaient pas été affectés, soit parce que les machinistes n'étaient pas membres du syndicat, soit parce que leurs producteurs n'étaient pas affiliés à la Ligue. Les salariés du spectacle avaient l'air également ravis. "Je suis transportée, soulagée, c'était tellement frustrant et déprimant", dit Tracy Letts, auteur de la pièce "Août: comté d'Osage", dont la première avait été reportée en raison de la grève. Jeff Perry, acteur dans la même pièce, renchérit. "La pensée de fermer pour de bon, parce que nos producteurs n'auraient plus eu d'argent, était vraiment angoissante. Mais c'est fini, c'est bon. Nous sommes de retour", dit-il. Ce mouvement, le troisième à Broadway en 30 ans, a fait perdre des dizaines de millions de dollars à la ville de New York, notamment aux restaurants et bars du quartier des théâtres. La dernière grève remonte à 2003, lorsqu'un débrayage des musiciens avait duré quatre jours. En dépit de cette crise, l'industrie du spectacle est plus florissante que jamais à Broadway. Dans un communiqué publié récemment, la Ligue annonçait que la fréquentation en 2006-2007 était en hausse de 2,6% par rapport à la saison précédente, avec 12,3 millions de spectateurs, dont plus d'un million de touristes étrangers, et que les recettes avaient augmenté de 8,9%.