La production de longs métrages marocains est en train de bouger. Le projet «Film Industry», qui consiste en la réalisation de 30 films marocains, est en cours d'achèvement. En l'espace d'une année et demie, Ali'N Production, en collaboration avec la SNRT (Société Nationale de Radio télévision) a pu mener l'opération à son terme. Aujourd'hui, la plupart des films sont fin prêts. Reste de petits ajustements au niveau du montage et du mixage pour quelques longs métrages. Tous sont des films de genre (action, aventure, horreur, policier, comédies musicales, drames…). «L'objectif est d'offrir aux Marocains des longs métrages locaux réalisés à partir de thématiques qui concernent le Maroc, au niveau historique, culturel…. Nous espérons les détourner un peu des films américains, égyptiens et indiens, au profit de productions marocaines et éviter ainsi leur déculturation, sachant qu'ils sont de grands consommateurs de télévision et de cinéma», affirme Nabil Ayouch, directeur de Ali'N Productions. A la base, ces longs métrages n'ont pas été conçus pour le cinéma mais pour la télévision. Mais aujourd'hui, les initiateurs du projet souhaiteraient quand même les sortir en salles. Pour ce faire, des dérogations du Centre Cinématographique Marocain sont indispensables. Mais malgré les demandes, aucune réponse positive n'a pour l'instant été obtenue. En attendant, la télévision nationale va les diffuser successivement à raison d'un par mois, à partir de ce Ramadan. Les films seront également mis sur le marché sous forme de DVD, à raison de deux par mois. Exceptionnellement à l'occasion du lancement dès ce mois de septembre, il est prévu d'en diffuser 4 sur le marché, tous réalisés par Brahim Chkiri: « Sidi Mohammed Ouali », un film historique, «Chelh ou braha fassia », une comédie romantique, «Menhouss ou zadouh kadouss », un comique et enfin «Tiwargua», un film d'horreur. «Nous avons voulu commencer par mettre sur le marché 4 genres différents, afin de montrer que Film Industry propose une palette très diversifiée de genres», soutient Siham Ayouch, responsable marketing chez Ali'N productions. Les DVD sont pressés aux normes internationales, indiquent les responsables. Ils contiennent des menus interactifs, avec bonus, interview du réalisateur, making-off, bandes annonces, interviews des compositeurs… Ils vont être disponibles dans près de 2.000 points de vente Altadis, à travers tout le Maroc, pour un prix unitaire de 39 DH. «Nous aimerions écouler à court terme entre 100 et 200.000 DVD par film», espère Nabil Ayouch. Mais le risque de piratage est bien présent et menace le bon déroulement de l'opération commerciale. Afin de lutter contre ce fléau très répandu au Maroc, Ali'N Production vient de réaliser sept spots publicitaires. Elle va également mener des actions marketing en vue d'encourager l'acte d'achat légal, avec par exemple des jeux concours et à la clé des cadeaux à gagner. Les 30 films de Film Industrry ont nécessité environ deux semaines de tournage. Les tournages ont été réalisés à Agadir, dans un camp de base. Ali'N Production a loué des locaux sur place pour abriter les opérations. Agadir a été choisie parce que la région regorge de potentiels que ce soit au niveau humain (talent des acteurs, compétence des techniciens…) ou des paysages et de la nature. La ville se situe à proximité de forêts, en bordure de mer et au pied des montagnes. Même le désert se trouve non loin. Tout au long de ces 18 derniers mois de tournage, environ 300 acteurs ont été mis à contribution. La majorité sont des «jeunes pleins de talents» que l'agence a pu dénicher grâce à une série de présélections et de castings. Une centaine de techniciens ont participé aux tournages. Des spécialistes étrangers sont venus leur donner un coup de main dans des domaines pointus comme les effets spéciaux…. Certains ont également appris de nouveaux métiers pour les besoins de ce projet (machinistes, cascadeurs…). Les films sont tous doublés en quatre dialectes (tarifite, tachelhit, tamazight et darija). Ainsi, même les populations des douars les plus reculés, pourront les voir et les comprendre. «Nous espérons toucher aussi, à terme, les pays arabes voisins», ambitionne Nabil Ayouch. Si ces films n'ont pas été doublés en français, c'est parce que sur 30 millions de Marocains, seuls quelques 50.000 ne parlent que le français, ce qui reste trop peu pour justifier un doublage qui coûte entre 50 et 100.000 DH. A noter que le budget total de l'opération s'élève à 34 millions de DH, financés par Ali'N Productions, la SNRT et avec le soutien du ministère de la Communication. Maintenant, reste à commercialiser les DVD et à entamer une campagne de communication. Une série d'avant-premières seront organisées pour la presse au cours du prochain mois. De même, une soirée de présentation du projet sera diffusée le 29 septembre sur la TVM. Réalisateurs, techniciens et acteurs seront au rendez-vous du public… La Film Industry à l'international Deux films de la «Film Industry » ont d'ores et déjà été diffusés à l'occasion de plusieurs festivals internationaux. Ils auraient reçu un accueil chaleureux et enthousiaste de la part du public. Il s'agit des «arètes du cœur» d'Hicham Ayouch et de «La vague blanche» d'Ali Mejboud. Ils ont été sélectionnés pour participer à des compétitions officielles au Caire, à Los Angeles, à Ouagadougou, à Montréal et à Montpellier. «L'os de fer» de Hicham Lasry et «Squelette» de Yassine Fennane seront en compétition dans des festivals en Inde et en Syrie.