Ils sont nombreux, très nombreux, ce mardi matin, à l'heure du petit déjeuner, à avoir bu la «tasse». En effet, les marocains apprenaient très officiellement que le ministre délégué à l'Intérieur décidait de tirer sa révérence (après l'approbation du chef de l'Etat) quant à sa fonction stratégique au sein du ministère de souveraineté. La raison avancée par Fouad El Himma, him self, est claire, mais quelque peu surprenante. Ce dernier souhaite se consacrer pleinement à sa candidature lors des prochaines élections législatives dans sa région native de Marrakech. Rappelons que ce n'est pas son premier coup d'essai…politique. En 1992, Fouad Ali El Himma avait remporté les élections communales de la commune de Benguerir, située à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech. Et, de 1995 à 1997, il fut député des Rhamnas, province d'El Kalaâ des Sraghnas (région de Marrakech). Nommé en 1998 chef de cabinet du Roi Mohammed VI (alors Prince héritier) par Hassan II, il sera nommé Secrétaire d'Etat à l'Intérieur en 1999. Souvent cité comme l'homme fort du régime et la « bête noire » de certaines organisations des droits de l'Homme et de certains journaux indépendants, Fouad Ali El Himma décide donc de tourner la page. Une page chargée de situations, de moments forts, de tensions et certainement de réjouissances. «C'est une grande compétence qui disparaît et qui sera difficilement remplaçable. J'ai dû mal à comprendre cette décision », déclare une responsable politique. Pourtant, le départ du numéro 2 au ministère de l'Intérieur est devenu réalité. Au fil de la journée, chacun tente de recueillir des informations. «C'est pour devenir Premier ministre ! », lance certains observateurs. D'autres, plus prudents, éprouvent les pires difficultés à collecter de «l'info crédible » et par voie de conséquence à comprendre ce qui est en train de se passer. Pourquoi démissionne-t-il véritablement? Et le timing ? Sa fonction était-elle incompatible avec son ambition politique ? Autant d'interrogations qui animent les discussions et autres débats dans le pays. S'il est vrai que depuis quelques mois, certains évènements majeurs (départ de Kkalid Oudghiri, « affaire » Majidi,…) ont secoué le landerneau et ont fait apparaitre au grand jour des tensions existantes entre le pouvoir économique et le pouvoir sécuritaire, nous avons dû mal imaginer que cela a été déterminant. Ce qui est clair aujourd'hui, c'est que l'ère Fouad Ali El Himma au ministère de l'Intérieur, c'est du passé. En tout cas, officiellement.