Rachida Dati, le plus flamboyant sourire du gouvernement Sarkozy-Fillon est l'objet d'une curiosité sans limites. Les télévisions et les news magazines en ont fait une icône séduisante et mystérieuse. Les Français s'apprêtent-ils aujourd'hui à brûler avec frénésie ce qu'ils ont adoré hier avec passion ? La calèche magique de l'ouverture ethnique et politique que conduit avec fougue Nicolas Sarkozy est-elle en train de se transformer en citrouille ? La question se pose avec acuité, surtout dans le cas du Garde des Sceaux Rachida Dati, après la série de déboires qu'elle vient de vivre depuis sa nomination surprise à la tête d'un ministère régalien. Rachida Dati, le plus flamboyant sourire du gouvernement Sarkozy-Fillon est l'objet d'une curiosité sans limites. Les télévisions et les news magazines en ont fait une icône séduisante et mystérieuse. Un mélange d'une Cosette fragile et d'un Rastignac sans scrupule. Propulsée à la Une de l'actualité par son projet de réforme du traitement pénal des mineurs, elle fut le premier membre du gouvernement à subir le baptême du feu réformateur que prétend porter Nicolas Sarkozy. Les malheurs de Rachida ont commencé par les fissures que son équipe ministérielle a vécues dès les premiers jours de son existence. La démission de son chef de cabinet Michel Dobkine donna le signal à une cascade de départs des magistrats de son premier cercle. Il s'agit de Philippe Lagauche, conseiller pour les questions pénales, Xavier Samuel, conseiller pour les libertés publiques et les questions constitutionnelles et Françoise Andreo-Cohen, conseillère pour le droit des mineurs. Pour le chef de cabinet qui avait inauguré cette hémorragie, l'explication officielle de son départ selon laquelle une prenante future vie conjugale l'empêcherait d'assumer ses fonctions, avait suscité quelques œillades ironiques. Ces secousses répétitives ont secrété une nouvelle image de Rachida Dati. On la décrit autoritaire, cassante, incapable de mener une réflexion commune et un travail en groupe sans cabrer ses partenaires. Une image qui tranche violement avec sa posture séductrice et pédagogue de porte-parole du candidat Sarkozy. L'autre malheur de Rachida Dati provient de sa propre famille. Deux de ses frères, Jamal et Omar, sont impliqués dans des affaires de trafic de drogue. Jamal doit comparaître ce17 juillet devant la Cour d'appel de Nancy, après avoir été condamné en première instance pour trafic de stupéfiants. Quant à Omar, il est placé sous contrôle judiciaire depuis juin 2005, après avoir été interpellé dans le cadre d'une enquête portant sur un trafic de haschisch dans la région châlonnaise. La tentation est grande pour les langues perfides de susurrer : «si l'on appliquait à la lettre le projet Sarkozy-Dati sur les multirécidivistes, Jamal Dati devrait être condamné lourdement». La famille Dati surgit brusquement dans la rubrique Fait divers et jette un voile sombre sur la carrière ministérielle à peine entamée de Rachida Dati. Le mystère demeure entier sur les véritables raisons qui ont empêché Madame la ministre, connaissant le problématique casier judiciaire de ses frères et l'usage que la presse allait en faire, de crever l'abcès quand la conjoncture le permettait encore et de communiquer intelligemment sur le sujet. Devant ces complications qui menacent la carrière de Rachida Dati, le couple Sarkozy a volé promptement à son secours. Quand Nicolas affirme que : «Rachida Dati a une obligation de réussite, parce que sa présence est un message adressé à tous les enfants de France», Cécilia ne lésine pas sur les superlatifs de la solidarité : «C'est plus qu'une amie, c'est ma sœur. Je ne la lâcherai jamais. Je connais tout d'elle, elle est de la race des seigneurs». L'affaire Rachida Dati et le discrédit qui la menace occupent les esprits avec une insistance qui a nécessité l'intervention de deux poids lourds de la lutte contre la discrimination : SOS-Racisme et de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). La première a estimé que «Rachida Dati paie, dès son arrivée, le prix fort d'être la première personne issue de l'immigration maghrébine à accéder à une telle responsabilité gouvernementale» alors que la seconde affirme que Rachida Dati «est victime, du fait de la consonance de son patronyme, d'une campagne injuste».