C'était bien parti en Avril 2005. Une convention liant le Conseil régional du Souss Massa Draâ et la Regional Air Lines, signée en février 2005 devant SM Le Roi Mohammed VI, lors de la visite historique à Zagora, avait permis une première à l'échelon national. Le Conseil Régional subventionnait la création de deux lignes aériennes : Agadir- Las Palmas et Agadir-Ouarzazate. Les deux lignes étaient liées, l'une devait supporter le manque apporté par l'autre. Les prix affichés défiaient toute concurrence : 485 DH pour Agadir/Ouarzazate et 1485 DH pour Agadir/Las Palmas. Les choses se passèrent bien durant la première année sauf que la ligne Agadir Ouarzazate était toujours déficitaire. Il est à rappeler en effet, que jamais les réceptifs gadiris ne se sont sentis intéressés ni mobilisés pour la viabilité de cette ligne. Ils pouvaient faire beaucoup de choses s'ils voulaient vraiment que cette ligne marche. Ils n'ont rien fait, pourtant il s'agit d'un vol de 19 sièges, ni plus ni moins. Résultat : la ligne tournait à 30%, au maximum. La Reginal Air Lines se rabattait sur Las Palmas/ Agadir qui est très demandéé, pour équilibrer ses charges. En effet, la ligne Agadir/ Las Palmas tournait à 80 %, grâce à la subvention du Conseil Régional permettant un tarif très compétitif. Septembre 2006, les élus régionaux, réunis en session ordinaire décidèrent d'arrêter la subvention au sujet du vol Las Palmas. La direction de la RAL essaie d'intervenir pour reconduire la convention, en vain. Elle décide de continuer à servir laligne toute seule, sans subvention donc, avec l'espoir quand même de faire revenir le Conseil Régional à la table des négociations. Peine perdue. En un an, la compagnie qui opère sur la ligne, en code chaire avec la RAM, avec les mêmes tarifs qu'avant, n'arrive plus à s'en sortir. « La ligne n'était plus viable. On était obligé d'arrêter le vol, d'autant plus que la hausse du tarif à la recherche d'une éventuelle rentabilité, ne donnait rien du tout », explique à ce sujet Hicham Annachad, DG de la Régional Air Lines. Résultat : le vol Agadir/Las Palmas est suspendu depuis jeudi dernier. Il n'est plus dans le système d'exploitation, donc complètement invendable. Pour aller à Las Palmas, les habitants d'Agadir et du Sud, sont donc obligés de monter jusqu'à Casablanca. Situation inconfortable, pour tout le monde. Pour les voyagistes, pour les clients, pour les investisseurs et pour l'image de marque du Conseil Régional qui s'est investi dans cette opération pour réussir un désenclavement aérien de la région. Bref, on revient à la case de départ. Et c'est bien dommage. La liaison Agadir/Las Palmas est une nécessité indiscutable, principalement dans la conjoncture actuelle où les Canariens arrivent en force pour investir dans le Souss Massa, dans la pêche, comme dans l'agriculture et dans le tourisme. D'ailleurs, le jour même de la suspension du vol Agadir/Las Palmas, une importante délégation de professionnels canariens du tourisme (agents de voyages, hôteliers et opérateurs touristiques) était à Agadir dans le cadre d'une rencontre officielle des Entreprises canariennes et marocaines des secteurs : hôtellerie, restauration et voyages. Comme quoi, on fait du n'importe quoi chez nous, par manque de concertation constructive et positive. Il est à savoir en effet, que la direction de la Regional Air Lines, avait sollicité à quatre reprises officiellement, en 2006, les responsables régionaux pour l'évaluation et éventuellement la reconduction, après les éléments d'analyses sur les deux vols suite à l'exploitation d'un an, mais rien n'arrivait. Selon des sources spécialisées dans l'arien, la RAL aurait perdu en deux ans, pas moins de 5 millions de DH. Un vol c'est des coûts. Ce n'est pas du bénévolat. Les deux lignes Ouarzazate et Las Palmas, sont liées. On ne rentabilise pas une ligne en un an d'exercice. Les subventions sont faites pour tenir un bon moment, sinon, ce n'est pas la peine. Les élus régionaux en savent bien quelque chose puisqu'ils subventionnent depuis quatre ans le Festival Timitar. Pour quoi alors, ne pas subventionner convenablement, une ligne dont l'importance pour le désenclavement et pour le développement économique est incontestable ? La RAL fut donc obligée de suspendre le vol et c'est brutal. En tout cas, on ne peut lui reprocher de ne pas avoir honoré ses engagements lors de la première année subventionnée. Pour le reste, c'est question de coût et de rentabilité. Si la ligne est défaillante, on la suspend, c'est la règle générale, partout. La balle est donc dans le camp du Conseil Régional. Ce sont les élus qui ont la solution. Ou ils sont convaincus du maintien des deux lignes et ils doivent faire le nécessaire ou alors, qu'ils annoncent qu'ils ne peuvent rien faire et que la ligne Agadir/ Las Palmas est ouverte à la concurrence avec toutes les conséquences que cela entraîne. La RAL, quant à elle, se dit prête à reprendre le vol, dans le cadre d'une convention équilibrée, viable pour l'exploitation des deux lignes. Qui dit mieux ? Affaire à suivre…