A Tindouf, tous les séquestrés ne rêvent plus qu'au moment où ils pourront enfin retourner à la mère-patrieUne famille de 12 séquestrés vient d'échapper à la poigne du Polisario pour rejoindre, à Smara, le père Benahi Ould Sidi Bachir, un an après que ce dernier a regagné la mère-patrie. Benahi Ould Sidi Bachir a enfin pu retrouver ses 11 enfants et son épouse Sayti Ben Salek, séquestrés pendant 27 ans dans les camps de Tindouf. A la mi-juin 2006, ce père de famille avait réussi à tromper la vigilance de la sécurité du Polisario pour regagner la mère-patrie, à la grande joie de sa tribu «Rguibat Lbihat». Il lui a fallu attendre un an pour retrouver à Smara, outre sa conjointe, ses 11 enfants : Ould Saïd, Mostafa, Sid Bachir, Allin, Yazid, Fatimatou, Souadou, Khattal, Aziz, Dhaïba et Al Badid. La famille entière est arrivée dimanche dernier à Dakhla à bord d'une Land-Rover, en provenance de Tindouf, via Nouadhibou en Mauritanie. Elle a parcouru 600 kilomètres depuis Tindouf pour arriver en Mauritanie. Contacté hier par ALM, le père, - un frère du vice-président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, Hassannah Ould Sidi Bachir -, était sur un nuage. La joie de ce père de famille se mêlait à un élan patriotique exemplaire. «J'étais l'un des premiers chioukhs sahraouis à avoir prêté allégeance, en compagnie de l'haj Khatri Ould Saïd Ould Joumani, au Roi regretté Hassan II», a-t-il dit d'un ton fier, ajoutant qu'il a également été l'un des signataires de l'Accord tripartite, signé le 14 novembre 1975 à Madrid, entre le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie, lequel stipulait entre autres la rétrocession à Rabat et Nouakchott du territoire que Madrid a occupé depuis le début du siècle. L'Accord historique de Madrid, intervenu à la fin du règne de Franco, sera entériné le 28 décembre par l'Assemblée générale des Nations unies. «Simplement, le 6 octobre 1979, j'ai été enlevé avec ma famille par un escadron du Polisario pour me trouver, contre mon gré, dans l'un des camps de Tindouf, appelé Smara», raconte-t-il, dépité que cet acte de kidnapping l'ait privé de poursuivre son militantisme en faveur de la marocanité du Sahara. Pour Benahi Ould Sidi Bachir, ce n'est toutefois que partie remise. «Après avoir retrouvé ma famille, «je vais enfin pouvoir participer avec mes enfants à la défense de l'initiative Royale pour le Sahara». En affirmant que le retour de sa famille intervient en réponse à l'appel royal «La Patrie est clémente et miséricordieuse», Ould Sidi Bachir estime que «le projet royal est la solution unique et idoine du conflit artificiel autour du Sahara marocain», qualifiant de «courageuse et démocratique» ce projet (l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara). Il appelle par la même occasion tous les sahraouis séquestrés à «s'évader des camps de Tindouf pour mettre un terme au drame de la séquestration et venir contribuer, aux côtés des fils de la patrie, à l'édification d'un Maroc uni de Tanger à Lagouira». «Je convie toutes et tous ceux qui sont aujourd'hui à Tindouf à profiter de l'occasion historique qu'offre le Royaume pour en finir avec trois décennies de séquestration dans les camps de la honte», a-t-il exhorté, appelant également la communauté internationale à intervenir pour ouvrir les frontières devant tous ceux, et ils sont très nombreux, qui veulent regagner la mère-patrie.