Plus de 75.450 personnes ont visité les services des urgences de l'hôpital Hassan II d'Agadir pendant l'année 2006, soit une moyenne de près de 250 patients par jour. Un tel chiffre, si il témoigne de l'importance de ce service d'intérêt général pour la population, il permet au même temps de mettre en évidence l'impératif de doter la ville d'Agadir de nouvelles urgences conformes aux normes internationales et partant dignes de la réputation touristique de la ville. En effet, l'idée est en passe d'être concrétisée. L'ouverture à la capitale de Souss d'un nouveau bâtiment des urgences équipé de blocs opératoires répondant aux standards en vigueur à l'échelle internationale n'est qu'une affaire de temps. L'objectif est de garantir un accueil des patients, marocains et étrangers, dans des conditions bien meilleures. Les urgences existant ne semblent plus en mesure de remplir la mission qui leur incombe de garantir des services de qualité en raison de l'état lamentable des équipements, le manque substantiel des auxiliaires formés en matière d'urgentologie, l'absence remarquable d'ambulances équipées mais aussi l'encombrement de ces services par des consultations non urgentes. Près de 86% des cas enregistrés aux urgences de l'hôpital Hassan II d'Agadir en 2006 ne nécessitaient pas l'hospitalisation alors que 14 pc seulement ont été hospitalisés, indique-t-on auprès des responsables de l'hôpital. Une telle situation n'a pas laissé le préfet de police d'Agadir indifférent lors de la réunion du comité préfectoral de prévention des accidents de la circulation, tenue récemment. "Il est temps que la ville d'Agadir soit dotée d'un bloc d'urgences moderne et équipé d'un matériel sophistiqué et en mesure de fournir des prestations de qualité aux habitants et visiteurs de la première station balnéaire nationale", a-t-il dit. Les responsables de l'hôpital Hassan II qui reconnaissant, pour leur part, la vétusté des bâtiments des urgences actuelles, la non adéquation des équipements ainsi que le manque d'une stratégie de maintenance, ne cachent pas leur satisfaction quant à l'ouverture prochaine du nouveau bloc d'urgence qui, selon eux, tombe à point nommé. Pour Ahmed Bouzekri, responsable du service de communication à l'hôpital Hassan II d'Agadir, les nouvelles urgences vont permettre de surmonter ses difficultés grâce notamment aux équipements modernes qui seront mis en place. Le nouveau bloc d'urgence fait partie de tout un complexe qui comprend des services dont l'interopérabilité est chose acquise, a souligné M. Bouzekri, ajoutant que le complexe comprend, entre autres, deux salles d'examens, une salle de déchoquage pour la mise en condition du patient, une salle de radiologie et deux blocs d'opération dédiées aux urgences ainsi qu'une unité d'observation. M. Bouzekri a déploré, par ailleurs, le manque substantiel du personnel auxiliaire dû notamment au départ en retraite et au départ volontaire, soulignant que l'offre des instituts d'état, seul fournisseur des hôpitaux en matière de personnel qualifié, demeure en deçà de la demande, de plus en plus accrue, de ces établissements d'intérêt public. Interpellé par l'agence MAP sur cette question d'importance majeure, le directeur de l'hôpital, Dr. Khalid Alami a souligné que son établissement est en train de finaliser une politique d'externalisation des services et fonctions de soutien aux soins (brancardage- accueil) : il s'agit de confier à des sociétés privées, selon un cahier de charge bien défini, ces services pour permettre aux agents médicaux et infirmiers de remplir leurs missions dans les meilleurs conditions possibles. Dr. Alami n'a pas manqué de mettre l'accent, dans ce cadre, sur le Projet d'établissement hospitalier (PEH), un outil de planification stratégique qui porte, d'après lui, sur la mobilisation de l'ensemble des acteurs hospitaliers autours d'un programme de planification à moyen terme basé sur l'épidémiologie, le diagnostic et l'orientation. Grâce à la réforme hospitalière, a-t-il poursuivi, les urgences mais aussi les autres services de l'hôpital sont aujourd'hui gérés en réseau et les données les concernant sont informatisées. L'objectif étant de rendre les établissements hospitaliers publics compétitifs et regagner la confiance des citoyens, a affirmé M. Alaoui. Depuis des années, la mise à niveau des services d'urgence semble occuper une place de choix dans la stratégie sanitaire nationale. Elle est au coeur de la réforme hospitalière, partie intégrante de la réforme du système de santé au Maroc, lancée en 2001. "Notre département, dans son plan d'action 2003-2007, a fait de la politique d'organisation, de restructuration et d'amélioration de la prise en charge des urgences à travers le Royaume une priorité ", avait souligné le ministre de la santé, Mohamed Cheikh Biadillah, lors d'une conférence sur "les urgences et la médecine de catastrophe" (Tétouan 25/04/2004). De par leur caractère de service public sensible, les structures des urgences bénéficient, depuis, d'un programme de modernisation, appuyé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) dans le cadre de la coopération franco-marocaine. Le processus de la réforme hospitalière est engagé au niveau de cinq hôpitaux régionaux : Hôpital Mohammed V de Meknès, Hôpital Hassan II d'Agadir, Hôpital Mohammed V de Safi, Hôpital de Béni Mellal, Hôpital Hassan II de Settat et d'autres suivront. Des outils de planification et de gestion ont été développés dans le but de construire un nouveau modèle d'hôpital public. Restructuration des hôpitaux en termes de mission et d'organisation interne, amélioration de la gestion à travers le développement des compétences managériales et de la qualité des soins et des services, la revalorisation et la motivation du personnel ainsi que la mise à niveau des infrastructures et des équipements hospitaliers et biomédicaux constituent, entre autres, les aspects importants de la réforme en question. Reste que la réussite de la réforme hospitalière en général et celle des urgences en particulier passe nécessairement par la responsabilisation de l'ensemble du personnel des hôpitaux, médecins, infirmiers mais également, et surtout, des paramédicaux et des auxiliaires. Ceci dit, une bonne communication interne et un engagement total en faveur de la vie humaine devraient être désormais l'apanage des hôpitaux du Royaume.