L'aventure qui a mal finiDeux quinquagénaires, pères de familles, qui passaient une nuit avec quatre jeunes filles, de 17 à 21 ans, ont trouvé la mort suite à une fuite de gaz. Nous sommes à la préfecture de police de Casablanca. Le téléphone sonne dans la salle de trafic. Au bout du fil, une femme demande à garder l'anonymat avant de faire des déclarations. Elle garde le silence, un moment, comme si elle avait, tout d'un coup perdu sa langue. Pourquoi a-t-elle téléphoné? Quelques minutes plus tard, sa langue se délie. Mais, le ton de sa voix prouve qu'elle veut très vite en finir pour raccrocher. «Deux hommes sont morts dans un appartement situé dans une ruelle donnant sur le boulevard Yacoub El Mansour», lâche-t-elle enfin en indiquant aux policiers l'adresse exacte. Les éléments de la première brigade de la police judiciaire se dépêchent rapidement sur les lieux, montent les escaliers de l'immeuble et arrivent au seuil de l'appartement. La serrure de la porte est fracassée. Ils la poussent et pénètrent. Dans une chambre, trois jeunes filles, allongées l'une à côté de l'autre, semblent inconscientes. Il s'agit de Samira, Fatiha et Hala âgées respectivement de 21, 19 et 17 ans. Où sont les deux cadavres? C'est à la salle de bain que les enquêteurs les trouveront. Constat : le cadavre d'un homme en maillot, étendu par terre. A côté de lui, le cadavre du second qui était habillé. Le chauffe-eau et la bonbonne de gaz sont actionnés et les fenêtres sont fermées. Sur une table, des boissons alcoolisées et quelques petites assiettes où sont servis du fromage, des olives, de la mortadelle, et du cacao. Les clés d'une voiture, trois téléphones portables, un carnet de chèques, une bague en or, une montre et une somme de 8.600 dirhams se trouvent dans la chambre à coucher. Quelques instants plus tard, les ambulances de la protection civile et le fourgon mortuaire arrivent. Les trois filles sont transportées aux Urgences de l'hôpital Ibn Rochd et les deux cadavres évacués à la morgue. Entre-temps, une jeune fille se présente devant les agents de la PJ : «C'est moi qui vous ai téléphoné à propos de l'appartement où vous avez découvert les deux cadavres. Je suis la sœur de Salwa qui était en compagnie des trois filles inconscientes». Où est Salwa ? «Elle m'attend dehors», leur répond-elle. Salwa rentre et se plante devant les limiers qui lui demandent de s'asseoir. Elle est à son dix-huitième printemps. Elle garde le silence, laissant la parole à sa sœur. Celle-ci explique avoir été contactée par Salwa, après une disparition de deux jours. Elle lui a demandé de la sauver. De quoi ? Salwa lui a expliqué avoir été en compagnie d'autres filles et de deux hommes qui ont rendu l'âme. Après avoir pris note de l'adresse, la sœur de Salwa arrive à l'appartement et défonce la porte, qui était fermée. Stupéfaite, et prise de panique, elle emmène sa sœur chez elle, puis téléphone. Et que dit Salwa ? C'était dans un bar qu'elle a fait, il y a six mois, la connaissance de G. A, quinquagénaire, père de famille. Elle l'a accompagné dans une villa située au boulevard 2 Mars où elle a couché contre 500 dirhams. Salwa a pris le temps, tout de même de noter le numéro de son téléphone portable. Ensuite, elle l'a accompagné à trois reprises à la même villa. Entre-temps, G. A a loué un appartement situé dans une ruelle donnant sur le boulevard Yacoub Al Mansour. C'est là qu'elle l'a rencontré avec un ami à lui. Elle a eu des relations sexuelles avec eux, tous les deux, à tour de rôle, contre 500 dirhams. Elle a même fait l'amour avec un deuxième ami du quinquagénaire pour 300 dirhams dans une villa donnant sur la plage. La dernière fois, G. A lui a demandé de le rejoindre dans l'appartement de Yacoub Al Mansour. Elle y a trouvé son copain, également quinquagénaire et père de famille, ainsi que les trois jeunes filles. Après avoir préparé un plat, ils ont commencé à se soûler, bavarder, rigoler, danser, chanter, s'embrasser…Tout d'un coup, G. A a conduit Salwa vers la chambre à coucher. Après avoir fait l'amour, la fille a rejoint les filles et l'ami de G. A. Ce dernier s'est rendu à la douche pour se laver. Seulement, il a tardé à se joindre à la table du dîner. Son ami est allé le chercher à la douche. Il l'a découvert sans connaissance. Voulant le sauver, il a perdu également connaissance. La fuite de gaz leur a été fatale.