Ils ne sont plus jeunes. L'un âgé de 48 ans et l'autre en a 54. Ils sont tous les deux pères de famille. Et pourtant, ils s'enivraient et se bagarraient dans la rue comme des voyous. Résultat : l'un a tué l'autre pour une cigarette. Nous sommes au quartier Sidi Othmane, à Casablanca. La salle de trafic au district de la sûreté de police à Ben Msik-Sidi Othmane a reçu, à une heure tardive d'une nuit de février, un appel téléphonique. Qui est à l'autre bout du fil ? C'était un habitant du quartier Kariat Al Jamâa. «Un homme a été blessé par un coup de couteau…C'est au bloc n° 3…», a affirmé l'habitant qui s'est abstenu de dévoiler son identité avant de raccrocher. Aussitôt, les limiers qui veillaient sur le service de la permanence ont été alertés. Ils n'ont pas perdu de temps pour se dépêcher sur les lieux. Les badauds s'attroupaient non loin du domicile au bloc n° 3, Kariat Al Jamâa. Ils les ont dispersés. Ils n'ont permis qu'aux témoins de rester à leur disposition. Au début, ils ont constaté un homme gisant dans une mare de sang, présentant une grave blessure à sa poitrine, deux autres au niveau de sa tête et plusieurs autres blessures au niveau du reste de son corps. Le chef de la brigade a remarqué qu'il était encore en vie. Il a fait appel à la protection civile qui est arrivée quelques minutes plus tard. La victime a été emmenée à bord de l'ambulance à l'hôpital Sidi Othmane. Au même moment, les fins limiers de Ben Msik-Sidi Othmane ont entamé l'interrogatoire des témoins qui ont assisté à ce qui est arrivé à la victime. Qui est-elle d'abord? C'est Mohamed, âgé de quarante-huit ans, père de famille, découvert étendu par terre, blessé et sans connaissance devant son domicile. Soudain, un coup de téléphone a été reçu par le chef de la brigade qui écoutait les témoins. Son interlocuteur n'est autre qu'un élément de la protection civile qui était à bord de l'ambulance qui a transporté Mohamed. «Il a rendu l'âme… On n'est pas encore arrivés aux urgences de l'hôpital… », l'a-t-il informé. Le délit d'un simple coups et blessures avec arme blanche a cédé la place à un crime avec coups et blessures ayant entraîné la mort sans avoir l'intention de la donner. Il s'agirait aussi peut-être d'une accusation plus grave à savoir un homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Aussitôt, un témoin, qui était sur place au moment du crime, a affirmé aux enquêteurs qu'il avait vu l'auteur du crime. Qui est-il? C'est Abdellah, qui demeure non loin de la maison de la victime. C'est un père de six enfants, âgé de cinquante-quatre ans, sans profession, un repris de justice qui a purgé plusieurs peines d'emprisonnement pour vol, ivresse, trafic et consommation de drogue, coups et blessures avec arme blanche. Où est-il ? Un autre témoin a répondu aux enquêteurs que le meurtrier est rentré chez lui après avoir commis son crime. Les limiers ont frappé à la porte de sa maison. Sa femme l'a ouverte. Police ! Abdellah est apparu derrière la porte. Il était blessé au niveau de sa nuque. Qui l'a blessé ? Il a prétendu être poignardé par le défunt. Les enquêteurs ont téléphoné à la protection civile. Abdellah a été évacué aux urgences pour être soigné. «J'étais en légitime défense…Il voulait me tuer…», a-t-il prétendu aux enquêteurs. Seulement, un témoin l'a vu quand il s'est fait blesser de ses propres mains après avoir criblé le corps de Mohamed de coups de couteau. Et il a fini par cracher le morceau. «Je me soûlais dans la rue non loin de chez moi quand Mohamed est arrivé me demander une cigarette», a-t-il avoué. Il lui en a donné. Mohamed est parti pour revenir quelques minutes plus tard lui demander une fois encore une cigarette. Abdellah a refusé de lui en remettre. Et Mohamed, qui était sous l'effet de la drogue, a commencé à l'insulter. Hors de lui, Abdellah l'a criblé de coups de couteau avant de se faire blesser et rentrer chez lui.