Pyongyang est prêt à appliquer l'accord de désarmement nucléaire conclu le 13 février mais demande au préalable la levée des sanctions, a déclaré le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à l'issue de son voyage en Corée du Nord. Mohamed ElBaradeï a effectué une courte visite pour tenter de convenir des modalités du retour des inspecteurs dans le pays. Il s'agissait des premières négociations entre l'AIEA et Pyongyang en plus de quatre ans. Bien qu'il n'ait pas pu rencontrer le principal négociateur nord-coréen sur le nucléaire, ElBaradeï a qualifié sa visite de "très utile" et s'est dit optimiste quant à une normalisation des relations avec le régime communiste. Il a cependant ajouté que la Corée du Nord exigeait la levée des sanctions financières imposées par Washington avant de fermer son réacteur nucléaire de Yongbyong et d'autoriser le retour des inspecteurs, comme il a été convenu dans l'accord conclu le 13 février à Pékin lors des pourparlers à six. Ces discussions ont réuni les deux Corées, la Russie, la Chine, le Japon et les Etats-Unis. "La RPDC (République populaire démocratique de Corée) a déclaré qu'elle attendait la levée des sanctions concernant la banque de Macao avant d'appliquer la partie de l'accord permettant à l'agence de surveiller et de vérifier la fermeture de l'installation de Yongbyon", a déclaré ElBaradeï lors d'une conférence de presse. Les inspecteurs de l'AIEA n'ont plus mis les pieds en Corée du Nord depuis leur expulsion en décembre 2002, lors de la rupture d'un précédent accord de désarmement. Pyongyang est sorti du Traité de non-prolifération (TNP) quelques jours plus tard. Les Etats-Unis ont promis de régler la question des comptes nord-coréens bloqués à Macao dans un délai de trente jours à compter de l'accord de février. Des millions de dollars d'avoirs sur des comptes nord-coréens sont gelés depuis 2005 par des banques étrangères, le Trésor Américain accusant Pyongyang d'utiliser une banque de Macao pour blanchir de l'argent. LA BALLE DANS LE CAMP DES ETATS-UNIS "La question de Macao sera réglée ainsi que nous l'avons promis", a affirmé mercredi l'émissaire américain Christopher Hill à Pékin, alors que la date approche. Pyongyang mettra en oeuvre les premières mesures de désarmement contenues dans l'accord du 13 février si Washington tient sa promesse, a souligné le directeur de l'AIEA. "Une fois que cela sera fait, ils comptent coopérer pleinement avec nous et mettre en oeuvre l'accord selon le calendrier prévu", a-t-il ajouté. ElBaradeï a rencontré trois responsables lors de sa visite en Corée du Nord, dont le chef de l'agence d'énergie atomique, mais il n'a pas vu le principal négociateur sur le nucléaire, Kim Kye-gwan. Il a toutefois jugé sa visite utile. "Le voyage a assaini l'atmosphère. Il a créé un climat positif pour nos futures relations". Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Song Min-soon, a déclaré mercredi que la Corée du Nord n'avait montré aucun signe indiquant la prochaine fermeture du réacteur de Yongbyong. En début de semaine, un responsable américain avait affirmé que Washington avait repéré ce qui pouvait s'apparenter à des préparatifs de fermeture du site, mais d'autres officiels américains s'étaient montrés beaucoup plus prudents. "D'après ce que je sais, il n'a pas encore été complètement fermé", a pour sa part déclaré Hill. En prévision de l'ouverture lundi d'une nouvelle session de pourparlers à six, les entretiens multilatéraux se multiplient. L'émissaire sud-coréen Chun Yung-woo est ainsi arrivé à Pékin pour participer à des réunions de groupes de travail créés par l'accord du 13 février. Les émissaires sud-coréen et américain ainsi que le représentant chinois Wu Dawei doivent par ailleurs se réunir dans la capitale chinoise et s'entretenir avec ElBaradeï.