« Nous sommes tous des enfants des crises causées par le FMI! Bush, laisse-nous tranquilles! « C'est un véritable pamphlet contre « l'impérialisme américain» en Amérique latine que le président vénézuélien Hugo Chavez a récité hier soir devant au moins 30 000 partisans réunis au stade de football Ferrocarril Oeste. Près de 300 militaires vénézuéliens et la Police fédérale argentine avaient bouclé le quartier de l'enceinte sportive. Des syndicalistes très actifs, les fameux « piqueteros» argentins, les Mères de la place de Mai et beaucoup de familles avec enfants étaient dans les rangs des anti-Bush. Des touristes aussi comme Kristina une Allemande venue « voir Chavez en vrai pour connaître l'homme au-delà des apparences». Dans le brouhaha des tambours et des trompettes, non loin de banderoles « Bush dehors «, Paula et Laura, deux étudiantes argentines, assurent: « Chavez est le seul qui puisse changer le futur de l'Amérique latine en créant des institutions comme BancoSur, la banque du Sud.» « Il faut soutenir Chavez dans sa lutte contre les mensonges de Bush «, nous a-t-on confié au siège des Mères de la place de Mai, association qui accrédite les 400 journalistes locaux et internationaux couvrant la manifestation. À la radio vénézuélienne, Hebe de Bonafini, présidente des Mères de la place de Mai qui ont perdu leurs fils durant la dictature argentine (1976-1983), a été particulièrement virulente : « La principale lutte aujourd'hui est celle contre l'impérialisme des États-Unis. Il faut leur faire comprendre qu'ils sont « une poubelle «, que nous ne les aimons pas et que n'en avons pas besoin car nous nous suffisons à nous-mêmes. Nous sommes des pays riches, avec des peuples pauvres. « Depuis quelques jours, les affiches « Bienvenue Chávez, dehors Bush!» pullulent à Buenos Aires. La capitale argentine s'est ainsi transformée en épicentre du mouvement anti-Bush en Amérique latine. Hier soir, au moment où Chavez entamait son discours, le président des États-Unis a atterri pour la deuxième étape de sa tournée latino-américaine en Uruguay, quelques kilomètres en face de Buenos Aires, de l'autre côté de l'estuaire du Rio de Plata. Son espoir : signer un accord de libre-échange avec son homologue Tabaré Vázquez, projet déjà critiqué par l'Argentine et le Venezuela qui y voient un mauvais coup pour l'alliance douanière du Mercosur réunissant le Brésil, l'Argentine, le Vénézuéla, le Paraguay et l'Uruguay. Des groupes de gauche cagoulés ont manifesté hier après-midi dans le centre de Buenos Aires, en face de l'ambassade uruguayenne et de la Chambre de commerce américaine, brûlant quelques drapeaux américains. Dès sa sortie de l'avion jeudi soir, Hugo Chavez a ironisé devant les caméras argentines : « Le chevalier du Nord vient de découvrir que la pauvreté existait en Amérique latine. Je rends hommage aux millions de Latino-Américains qui ont sacrifié leur sang face au chef de l'impérialisme.» Lors d'une rencontre avec son homologue Nestor Kírchner, hier matin, le Vénézuélien a signé un accord devant donner naissance à Opegasur. Cette alliance des deux pays producteurs de gaz espère attirer la Bolivie d'Evo Morales, proche de Chavez, et contrer le partenariat stratégique annoncé hier entre les États-Unis et le Brésil dans les biocarburants.