Vingt-deux personnes sont mortes mercredi dans le crash d'un Boeing 737 de la compagnie indonésienne Garuda qui est sorti de piste lors de son atterrissage sur l'aéroport de Yogyakarta et a pris feu. Des dizaines de passagers sont cependant parvenus à sauter de l'avion par les issues de secours. "A l'issue des opérations d'évacuation, nous avons pu déterminer que 112 passagers ont survécu, 21 autres sont morts", a annoncé la compagnie nationale indonésienne dans un communiqué. "En ce qui concerne l'équipage, six personnes ont survécu, une autre est morte". Le secrétaire de la province de Yogyakarta, Bambang Susanto, avait auparavant indiqué à Reuters que 48 corps avaient été retrouvés sur le lieu de la catastrophe et qu'une autre personne était décédée à l'hôpital. Le directeur de la cellule de crise du ministère indonésien de la Santé, Rustam Pakaya, a confirmé le bilan avancé par la compagnie aérienne. Pujobroto, porte-parole en chef de Garuda, a indiqué que le Boeing 737-400 en provenance de Djakarta transportait 133 passagers et sept membres d'équipage. Il s'est écrasé vers 07h00 locales (00h00). Un survivant a raconté à Reuters que les passagers avaient été avertis que l'appareil allait connaître des turbulences et la plupart ont réagi avec calme. "Alors qu'on s'approchait du sol et que j'apercevais le toit des maisons, l'avion continuait de tanguer et d'être pris de secousses", a dit Ruth Meigi Panggabean, qui travaille pour l'organisation humanitaire World Vision. "Ensuite l'avion s'est écrasé violemment sur le sol puis il s'est déporté vers l'avant et a une nouvelle fois heurté violemment la piste avant de s'arrêter", a-t-elle précisé. DELEGATION AUSTRALIENNE A BORD Une délégation australienne, constituée de journalistes, de diplomates et de responsables gouvernementaux, était à bord de l'avion. Ils accompagnaient la visite officielle en Indonésie du ministre des Affaires étrangères Alexander Downer, qui n'était pas dans cet avion. Downer a indiqué que neuf Australiens étaient à bord de l'appareil. Cinq sont blessés et les quatre autres n'ont pour l'instant pas été retrouvés. Il s'agit d'un officier de liaison de l'armée de l'air, d'un officier de police, d'un journaliste et d'un personnel d'ambassade. Le centre de presse de la compagnie Garuda a indiqué, de son côté, que huit Australiens se trouvaient à bord de l'avion, ainsi que deux Japonais, deux ressortissants du sultanat de Bruneï et sept autres étrangers. Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a ordonné au ministre en charge de la sécurité nationale de mener une enquête sur des "éléments non techniques" liés au crash de l'avion, a indiqué à la presse le secrétaire de cabinet Sudi Silalahi. Downer et le Premier ministre australien John Howard ont cependant fait savoir qu'ils n'avaient reçu aucune information laissant penser qu'il s'agissait d'un attentat ou d'un acte de sabotage. Yogyakarta, située à environ 440 kilomètres au sud-est de la capitale Djakarta, est connue comme la capitale culturelle du pays et pour son importante affluence touristique. Cette catastrophe aérienne survient au lendemain des deux puissants séismes qui ont frappé l'île indonésienne de Sumatra, tuant 72 personnes. LA VITESSE PEUT-ETRE EN CAUSE Din Syamsudin, chef de la deuxième organisation musulmane indonésienne, Muhammadiyah, a raconté sur la radio Elshinta comment il avait réussi à s'échapper. "Certains passagers voulaient récupérer leurs bagages à main. Je leur ai crié 'Sortez ! Sortez'", a expliqué Syamsudin. "L'avion était rempli de fumée. J'ai simplement sauté de deux mètres de haut et j'ai atterri dans une rizière", a-t-il ajouté. Les survivants ont été transportés dans des hôpitaux de la région. "Nous avons pris en charge entre dix et quinze passagers. Ils vont tous bien. Une femme enceinte de 8 mois est hors de danger, de même que son bébé", a déclaré Constantine, infirmière à l'hôpital Panti Rapih. Selon l'expert Robert Heath, spécialisé dans les catastrophes aériennes, la vitesse excessive de l'appareil pourrait être l'une des causes de l'accident. "De ce que j'ai pu voir, l'appareil a atterri intact et cela laisse penser que la vitesse excessive pourrait être en cause", a déclaré Heath. "L'incendie a pu être provoqué par la roue avant qui a heurté des choses en sortant de la piste ou par la destruction du moteur". L'Indonésie a connu ces derniers mois une série d'accidents dans les transports, dont les plus meurtriers ont été la disparition d'un avion avec 102 personnes à bord en janvier, et celle d'un ferry qui a sombré en décembre, causant la mort de centaines de personnes. Le gouvernement a mis en place une commission chargée d'évaluer les normes de sécurité dans les transports.