"Les Français veulent un choix fondé sur un clivage clair. Et ce clivage, je suis décidée à l'assumer car il oppose deux conceptions de la société, deux manières de gouverner, deux visions de la France." A gauche, toute. En meeting à Paris, mardi 6 février, Ségolène Royal s'est voulue offensive face à Nicolas Sarkozy. Le meeting affichait salle comble, et au premier rang figuraient notamment Dominique Strauss-Kahn, le proche de Lionel Jospin Daniel Vaillant, Bertrand Delanoë et Henri Emmanuelli. Et juste à côté, Jean-Pierre Chevènement, Christiane Taubira, Arnaud Montebourg, ou encore les maires d'arrondissements fabiusiens de la capitale. A quelques jours de la présentation de son programme basé sur les débats participatifs, la candidate socialiste a revendiqué son héritage politique. Face à un candidat UMP qui a cité, lors de son discours d'investiture, Jaurès, Camus et Léon Blum, Ségolène Royal a donné un véritable cours d'histoire de la gauche politique. Multipliant les références historiques, elle a mis en avant le clivage entre la droite et la gauche : "La France n'est pas la synthèse de l'Ancien Régime et de la Révolution. (...) C'est la rupture opérée par la Révolution qui explique la France d'aujourd'hui", a-t-elle lancé, citant tour à tour Mirabeau, Brecht, Léon Blum et Frantz Fanon. Appuyée sur ce patrimoine politique, devant plus de 5 000 personnes, Ségolène Royal s'est appliquée à décortiquer le programme de Nicolas Sarkozy... sans jamais citer son nom. "Je laisse à la droite ses mises en scène berlusconiennes", a-t-elle raillé, estimant que "la droite met aujourd'hui toute sa brutalité dans la balance". "LA FRANCE DE DEMAIN SE NOMMERA DIVERSITÉ" Elle dénonce "une droite dure, agressive", "qui dit tout et son contraire" et compare l'expression de Nicolas Sarkozy ("s'il y en a que ça gêne d'être en France, qu'ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu'ils n'aiment pas") au mot d'ordre de la dictature brésilienne des années 70. "La droite a bloqué la machine économique et ne sait plus la faire redémarrer", assène-t-elle encore. Copieusement hué, le candidat de l'UMP est tour à tour qualifié de "communautariste", de "bushiste", et accusé de défendre "les intérêts d'un tout petit monde qui ne pense qu'à lui, qu'à son pouvoir". Sans dévoiler son programme, Ségolène Royal a plaidé pour une France "multiple, colorée, métissée et très française si elle sait être fidèle à ses valeurs" : "La France de demain, comme celle d'hier, se nommera diversité", a-t-elle lancé. Elle a promis de "redonner un avenir à toute la jeunesse", de "donner à tout jeune le droit à un premier emploi ou à une formation utile dans les six mois qui suivent sa sortie du système scolaire" De nouveau, la candidate du PS a balayé les critiques sur le rythme de sa campagne : "J'ai entendu les doutes et les interrogations : ce n'est pas du temps perdu, c'est du temps gagné ensemble." Elle a donné rendez-vous le 11 février, invitant ses partisans "à prendre les plans de la maison que nous allons bâtir ensemble". Sans pour autant expliquer si son programme aura une tonalité aussi marquée à gauche que son discours du soir.