Durant toute une semaine, l'Institut français d'Agadir accueille une manifestation dédiée à la culture berbère. Expositions, rencontres et musiques en seront les points forts. Berceau historique de la culture amazighe, le Souss-Massa-Draâ est probablement la région marocaine la mieux à même de célébrer les vertus de cette composante majeure du royaume. La musique et le chant amazigh sont justement célèbres ; mais ils ne sont pas les seuls pôles d'excellence de la berbérité soussie, dont l'artisanat et les produits du terroir ont depuis longtemps fait reconnaître leurs qualités à travers le monde. L'Institut Français d'Agadir a désiré s'associer à ce mouvement de reconnaissance qui s'est amorcé avec le statut accordé à la langue amazigh et à son écriture. Il sera, en ce début d'année, en collaboration avec le Conseil régional du Souss-Massa-Draâ d'une part et de l'Ircam de l'autre, l'organisateur d'une série de manifestations (exposition, concerts, conférence). Mais l'art et la connaissance ne répondront pas seuls à l'appel, puisque, grâce à l'installation de tentes berbères, un aperçu des réalisations artisanales et industrielles sera proposé au public. Et ce sera un aspect complémentaire de « l'âme du pays », un aspect qui mettra en valeur le savoir-faire amazigh. Ainsi seront proposés les riches produits issus du travail des ouvrières et artisanes des coopératives du sud : huile d'argan, safran pur, henné, eau de rose, dattes, figues, miel, olives ou encore tapis. Ce sera l'occasion de mettre en évidence le dynamisme associatif mis en oeuvre ici principalement par des femmes. Ce sera celle aussi de porter l'éclairage sur l'aptitude, tout à fait nouvelle, de ces coopératives à combiner harmonieusement le riche substrat de la tradition et l'impulsif élan de la modernité. L'exposition dédiée aux produits du terroir est organisée du jeudi 25 au samedi 27 janvier « Les berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux ; un vrai peuple comme tant d'autres dans ce monde, tels que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains. », écrivait Ibn Khaldoun dans sa Moukadima Berbères est le nom sous lequel sont connues les populations qui vivent dans un grand quart nord de l'Afrique, de l'est du Nil aux rivages de l'Atlantique et à la boucle du Niger. Ils se nomment eux-mêmes Imazighen ou « hommes libres ». S'il est difficile de cerner l'histoire complexe des Berbères et de leurs origines malgré l'existence de documents épigraphiques et des oeuvres des auteurs grecs, latins ou arabes, il ne fait aucun doute que la langue est leur dénominateur commun. « Cette exposition s'adresse à ceux dont le désir est de mieux connaître l'histoire et la culture berbère », écrit la commissaire de l'exposition, Radhia Dziri. L'exposition Imazighen du vendredi 26 janvier au samedi 24 février Liens Pertinents Afrique du Nord Maroc Arts, Cultures, Littérature Deux rencontres, autour du thème la culture amazigh, enjeux et défis d'une renaissance avec Ahmed Boukouss, recteur de l'IRCAM et L'histoire des Imazighen : l'apport de l'art rupestre, avec Abdallah Salih seront d'autres moments forts de cette manifestation. Elles sont programmées le vendredi 26 janvier à 16h30 La musique aura, par ailleurs, la part belle avec Iguidar, Imghrane et Fatima Tabaamrant. Artiste de renom, Fatima Tabaamrant oeuvre activement pour la défense de la culture amazigh en se produisant, depuis plus d'une vingtaine d'années, dans de nombreux festivals et en concert au Maroc et à l'étranger (Paris, Milan, Bruxelles, Amsterdam ). Elle donne son spectacle le vendredi 26 janvier à 20h30. Iguidar, quant à lui, apparaît au milieu des années 70 sous le nom de lemjadil à Dcheira, cette petite ville de la banlieue sud d'Agadir, pourvoyeuse de talents, puisque c'est là que sont nés et où se sont épanouis bien des artistes qui ont porté le flambeau de la chanson amazigh durant des décennies. Formé de cinq musiciens de tradition fusion, Iguidar a enrichi la chanson amazigh d'un style nouveau. L'appellation Iguidar montre déjà l'engagement de ses membres vis-à-vis du tamazight. Le groupe mène une véritable résistance culturelle pour préserver les valeurs de la société amazigh dans la région du Souss, mais également ailleurs. Le second groupe s'appelle Imghrane. Fondé en 1991,« Imghrane s'inspire de l'esprit de ces chansons anciennes pour en faire de nouvelles, explique Abderrahmane. Mon frère cadet, Larbi, est doué pour créer ses propres paroles, qu'il chante de sa belle voix. Il exprime son point de vue à partir de ses propres histoires d'amour, de ses expériences personnelles». Les deux groupes enchanteront le public de l'Institut français le 25 janvier à 20h30.