La Ligue arabe a obtenu le soutien vital de la Syrie dans ses efforts en vue de régler la crise politique au Liban, au lendemain de la manifestation monstre contre le gouvernement organisée par le Hezbollah pro-syrien. L'émissaire de la Ligue arabe, Mustafa Osman Ismaïl, a dit avoir aussi obtenu l'accord de principe des factions libanaises rivales. Il ne devrait y avoir, a-t-il dit, "ni vainqueur, ni vaincu". "J'ai reçu des frères en Syrie la confirmation de ce qu'ils soutiennent (...) le consensus libanais et nos efforts", a dit Ismaïl, conseiller de la présidence soudanaise, à l'issue d'un entretien à Damas avec le président Bachar al Assad. Ismaïl s'est ensuite rendu à Beyrouth où il a entamé des discussions avec les dirigeants libanais. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a dit qu'il le rejoindrait mardi. Le soutien de la Syrie est jugé essentiel à la conclusion de tout compromis au Liban. Bien qu'elle ait retiré ses troupes du pays il y a plus de 18 mois, la Syrie exerce toujours une influence sur de nombreux groupes, dont le Hezbollah pro-syrien, pour ne citer que le plus puissant. Une campagne de protestation contre le gouvernement est entrée lundi dans son 11e jour et des milliers de partisans de l'opposition continuent de se relayer 24 heures/24 dans un village de tentes érigé dans le centre de Beyrouth. Un responsable de la sécurité a estimé que la manifestation de dimanche avait été la plus grande de l'histoire du Liban. Le Premier ministre Fouad Siniora et ses alliés anti-syriens ont refusé de céder en accusant le Hezbollah de vouloir placer le Liban sous tutelles syrienne et iranienne. TENSIONS INTERCOMMUNAUTAIRES Moussa a dit au journal libanais An-Nahar qu'il interromprait une visite à Washington pour se rendre à Beyrouth pour des discussions. "Je ne préjugerai de rien avant d'avoir vu quelque chose (de concret)", a dit Moussa, qui s'est entretenu dimanche soir par téléphone avec Siniora et avec le président chiite du Parlement, Nabih Berri, allié du Hezbollah pro-syrien. Ismaïl a dit de son côté à la télévision Arabiya que les propositions portent sur la mise en place d'un gouvernement d'union et d'un tribunal international proposé par l'Onu pour juger les personnes soupçonnées d'implication dans l'assassinat, en février 2005, de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ainsi que sur l'organisation d'élections présidentielle et législatives anticipées. La tâche s'annonce énorme, non seulement pour obtenir l'accord de toutes les parties sur les différents points, mais aussi pour arrêter leur calendrier d'application. Le Hezbollah accuse Siniora et certains de ses alliés d'avoir tenté de l'affaiblir pendant les 34 jours de guerre avec Israël, en juillet et août. Siniora a accusé de son côté le Hezbollah d'avoir tenté d'organiser un coup d'Etat après cette guerre. Des commentateurs ont mis en garde contre les risques de voir les tensions dégénérer en violences intercommunautaires, dans un pays encore mal remis de la guerre civile de 1975-1990. Alors que cette guerre civile se présentait avant tout comme un affrontement entre milices chrétiennes et musulmanes, les tensions opposent aujourd'hui principalement les communautés sunnite et chiite. Au début du mois, un manifestant chiite a été tué et plusieurs personnes ont été blessées depuis dans des tirs, des émeutes et des affrontements entre partisans des deux camps.