تحت عنوان "الطاهر بنجلون يكشف القناع" توصلت شبكة دليل ببيان استنكاري أصدرته جمعية صوت الديموقراطيين المغاربة بهولندا، حول ما جاء في مقال نشر بيومية لوموند الفرنسية في عددها ليومي 27 و 28 من شهر شتنبر الماضي للكاتب المغربي الطاهر بن جلون تحت عنوان : ًبورش سوداء، رجل منغمس في اللذات ونقابً وحسب ما جاء في نص البيان فإن الكاتب أورد في مقاله مجموعة من المغالطات كما أصدر احكاما جاهزة في حق أبناء الريف المقيمين بهولندا . واليكم نص البيان كما ورد إلينا :
-بيان استنكاري- نشرت جريدة لوموند الفرنسية في عددها ليومي 27و28 سبتمبر الماضي مقالا للكاتب المغربي الطاهر بن جلون تحت عنوان: ًبورش سوداء، رجل منغمس في اللذات ونقابً اورد فيه مجموعة من المغالطات ومصدرا احكام ً قيمةً في حق ابناء الريف بهولندا يكفي لا الحصر ايراد المقطع التالي: " أدرك من لهجته أنّه يأتي من الريف، حيث يزرعون الكيف المستخدم في صناعة الحشيش. مالٌ يسير. يقود مركبته كمن يستعدّ للانطلاق نحو القمر، ويعامل امرأته أو من يفترض أن تكون امرأته كعبدة، كغرض، كحزمةٍ مغلّفة بثيابٍ للموتى .يُجري اتصالاً هاتفياً متحدّثاُ باللّغة الهولنديّة. سيّارته مسجّلة في روتردام ولا بدّ أنّه يعيش هناك. هل سيتبعه ذلك (الشيء) الى بلاد الاغتراب؟ أمّ أنّه سيوصي أهله بأن يوضّبوها له ويرسلوها إليه عبر البريد ". و نحن اذ نستحضر هذا المقال نود التنبيه الى تنامي التصريحات الرسمية والشبه الرسمية التي تحاول المساس بسمعة عموم ابناء الريف بالشتات، في حين نستغرب من صاحب ً اقصى درجات العزلة ً حول هذا النوع من الكتابات النمطية البائسة التي ترى الريف وابناءه دائما من المنظار الرسمي. ان جمعية صو ت الديمقراطيين المغاربة بهولندا واذ تستنكر بشدة ماورد في مقال السيد بن جلون، تدعوا كل الفعاليات الثقافية، الحقوقية والسياسية المستقلة الى الوقوف في وجه كل من يحاول النيل بالمهجّرين الريفيين بهولندا. تاتي هاته التصريحات للسيد بن جلون و زوبعة تصريحات سفير المغرب ببروكسيل لم تهدأ بعد. اننا في جمعية صوت الديمقراطيين المغاربة بهولندا،واذ نخبر الراي العام بخطورة وتداعيات المقال المذكور نطالب المثقفين المغاربة المستقلون اسستنكار ما ذهب اليه السيد بن جلون في مقاله حول ابناء ريف هولندا، اننا واذ نستغرب كيف استطاع السيد بنجلون من معرفة الترقيم الروطردامي للسيارة التي وردت في مقاله، فلعلم السيد بن جلون فهولندا لا تعتمد نظام الترقيم الفرنسي للسيارات، لذلك فما ورد في المقال يعتبر كذبا واستخفاف بمقدس اسمه القارئ، ان عقلية نمطية لا تبذل الجهد في التحقق من المعطيات الرئيسية وبالتالي تمحيصها ليست جديرة بالانتماء الى حقل التنويروالحداثة وحقوق الانسان، ان الريف الشامخ الذي انتج محمد اشريف امزيان، مولاي موحند، سلام امزيان، عباس المسعدي، حدو اقشيش، قاضي قدور ، و اللائحة طويلة سيظل شامخا بابنائه اينما توجدوا. ============================== واليكم نص المقال باللغة الفرنسية كما جاء في جريدة لوموند الفرنسية : La Porche noire, le play boy et la burqa Par Tahar Ben Jelloun Le choc des civilisations se remarque parfois dans des situations ridicules, des comportements stupides provoqués par l''arrogance et l''ignorance. Ainsi, j''étais l''autre jour dans le sud du Maroc et j''ai assisté à cette scène : Une voiture décapotable arrive à toute vitesse sur une route étroite, une piste pleine de trous. Une voiture de sport, peut-être une Porsh. Elle est conduite par un jeune, tête rasée à la mode, lunettes noires, cigarette aux lèvres et téléphone portable dans une main. Une voiture qui coûte cher, le prix d''une prairie, le prix d''une vie de travail à l''étranger ou le salaire d''un prince. La voiture s''arrête à notre niveau. Le jeune homme est fier de son machin. Il montre le pays à une femme assise à ses côtés, mais une femme enveloppée entièrement d''un voile noir, mains gantés en noir, sur la fente pour qu''elle puisse voir elle a posé des lunettes noires. Un fantôme, une chose qui bouge à peine mais ne parle pas. Cela me rappelle les dernières pages des « Voix de Marrakech » d''Elias Canetti où il parle d''une chose noire qui se meut à peine mais dont on ne voit ni le corps ni aucun membre. Peut-être quelqu''un d''humain est là. Le jeune homme sort de la Porsh, allume une cigarette et dit en français « C''est beau mon pays ! ». La femme séquestrée dans ce linceul noir hoche la tête. Elle ne prononce aucun mot. Sans que je lui parle, il me dit : « je me suis marié et je repars avec elle, mais problème papiers, ils veulent photo identité visage découvert, ils sont fous, enfin Allah est grand ! » Il passe plusieurs fois la main sur l''aile de la voiture comme s''il caressait la jambe d''une jeune fille nue. A son accent, je constate qu''il est du Rif, pays où l''on cultive du kif avec lequel on fait le hachich. Argent facile. Il conduit un engin comme s''il était prêt à s''embarquer pour la lune et traite sa femme ou celle supposée être sa femme comme une esclave, une chose, un paquet enveloppé dans un service funéraire. Evidemment, il téléphone avec son portable et parle en neerlandais. Il vient de Rotterdam, car la voiture y est immatriculée. La chose le suivra dans son pays d''immigration ou bien chargera-t-il ses parents de lui livrer le paquet par la poste ? En repartant, il s''arrange pour que nous recevions un nuage de poussière. La chose noire n''est plus visible. Je n''ai pas eu envie de lui parler. Cela n''aurait servi à rien. Il doit avoir peur des femmes. C''est un problème d''ordre intime et relève de la psychiatrie. Il a peur qu''on lui prenne sa femme, qu''on la viole avec le regard, qu''on la désire en rêve. Alors qu''il la garde en attendant que la pauvre se réveille un jour et prenne sa revanche. C''est déjà arrivé. Cet individu illustre à lui tout seul toutes les contradictions d''une mentalité de l''âge de pierre avec un pied dans le XXIè siècle. Il utilise les moyens techniques les plus sophistiqués et en même temps traite sa femme comme du bétail. Ce genre de situation a été dénoncé de manière courageuse et forte par une femme arabe, une psychologue vivant à Los Angeles qui a débattu il y a quelques mois avec un théologien égyptien sur la chaîne Al Jazira. C''était le choc de l''année. J''ai retranscris ce qu''elle a dit et vous en donne quelques passages : « ce à quoi nous assistons aujourd''hui, ce n''est pas un choc des civilisations, mais une opposition entre des mentalités du Moyen-Age et des mentalités du XXIè siècle ; entre la civilisation et l''arriération, entre la barbarie et la rationalité, entre la démocratie et la dictature, entre la liberté et la répression ; c''est un choc entre les droits de l''homme d''une part et la violation de ces droits de l''autre. C''est un choc entre ceux qui traitent les femmes comme des bêtes et ceux qui les traitent comme des êtres humains... » Cette femme à visage découvert évidemment, parle calmement, martèle ses mots et dit ses vérités à un monde où règne l''hypocrisie et l''obscurantisme. Quand elle dit haut et fort qu''elle est laïque et que la foi est d''ordre privé, son interlocuteur hurle, affolé « tu es athée, athée, ennemie de l''islam ». Qu''on le veuille ou non, il y a bel et bien deux mondes qui s''opposent aujourd''hui : celui de la liberté et celui de la barbarie, celle notamment qui a fait démolir des statues bouddhistes en Afghanistan et interdit aux femmes d''aller à l''école ou d''enseigner, de se faire soigner par un médecin homme, de rire de manière audible, d''écouter de la musique, de se maquiller (des femmes ont eu les doigts tranchés parce qu''elles ont mis du vernis sur leurs ongles) etc. La barbarie qui envoie des jeunes gens se faire exploser dans des lieux publics, celle qui menace la paix du monde en se réclamant d''un islam qui n''a rien à voir avec cette brutalité et cette folie. Comme a dit la femme courageuse, « les musulmans doivent se demander ce qu''ils peuvent faire pour l''humanité avant d''exiger que l''humanité les respecte ! ». On a beau dire et répéter que l''Afghanistan et ses talibans ne représentent pas l''islam, que ce qu''ils font est en totale contradiction avec l''esprit et la lettre musulmans, c''est au nom de cette religion qu''ils agissent et parviennent à contaminer une partie de la jeunesse d''origine musulmane qu''elle soit en Europe ou dans les pays du Maghreb. Le jeune immigré à la Porsh noire avec la femme en noir a disparu convaincu qu''il est un bon musulman, un homme de son temps et probablement un mari qui ne sera jamais cocu ! Tahar Ben Jelloun @ www.taharbenjelloun.org Article paru dans les pages débats du Monde le 27-28 sept 2009