L'appel au boycott des élections lancé récemment par la coordination des résidents des foyers d'immigrés n'a pas laissé indifférent les dirigeants d'Adoma, principalement visés. Désengagement, corruption, manipulation, autant d'accusations envers Adoma, anciennement Sonacotra pour Société nationale de construction de logements pour les travailleurs. En effet, la coordination des résidents des foyers Adoma a lancé un appel au boycott des élections des conseils de concertation qui auront lieu bientôt Ces conseils dont la présidence revient automatiquement à la société gestionnaire qui n'est autre qu'Adoma. A cela, la société répond que «c'est normal». «C'est la loi, nous sommes encadrés par la loi. En tant que propriétaires, nous sommes automatiquement présidents des conseils. C'est comme un système classique de logement social», explique à Yabiladi Mathieu Rouault, responsable Communication chez Adoma. Il reconnait que les tailles des chambres au sein des foyers sont très petites «7,5 m2». Mais, M.Rouault tient à préciser qu'il s'agit de «l'histoire de cette entreprise qui a 50 ans d'existence. C'était le modèle architectural des années 70». «…On y travaille» La coordination des résidents des foyers a également fait allusion aux conditions de vie des chibanis, conditions qui, selon elle, sont complètement désastreuses avec des lits et matelas pleins d'insectes causant même parfois des maladies. Pour Adoma, ça peut être vrai, mais ce n'est pas si grave que cela. «Moi ça m'est arrivé de trouver chez moi des insectes. Faut pas se voiler la face. Sur le cas général, on ne peut pas dire que c'est partout comme ça. Ici et là les gens se plaignent. Il y a encore du boulot, mais on y travaille, clame M.Rouault. Moi je ne connais pas localement, résidence par résidence, ce qui se passe, mais il y a un accompagnement social qui se fait. Il y a du boulot qui se fait, mais ce n'est jamais assez. Il y aura toujours quelqu'un pour se plaindre»,dit-il. «Nous injectons 100 millions d'euros par an de travaux soit 1 milliard sur les dix prochaines années. L'objectif est l'éradication de ces petites chambres. Ça prend du temps, ça ne se fait pas en claquant des doigts. 100 millions d'euros, c'est énorme surtout avec la conjoncture économique actuelle», indique M.Rouault. Les chibanis, une «priorité» ? La coordination considère que le plan d'Adoma est de déloger les chibanis une fois les foyers transformés en logement sociaux pour les louer à des personnes capables de s'offrir des loyers un peu plus élevés. Ce qu'Adoma rejette complètement. «Il n'y a pas d'augmentation de loyer. L'objectif est de transformer ces chambres en studio sans augmentation de loyer. Si oui, elle serait très légère, dit-il. Il y'a encore 25 000 personnes qui habitent dans nos foyers. La plupart d'entre eux sont des anciens travailleurs immigrés issus majoritairement du Maghreb, beaucoup plus de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Ils sont venus jeunes, environ la vingtaine et aujourd'hui ils sont vieux. Ils devaient rentrer chez eux, mais ils sont toujours là […] Ils resteront chez nous. Ils restent en priorité. Je suis catégorique là-dessus. On est en France quand même. On ne va pas les mettre dehors du jour au lendemain alors qu'ils ont travaillé à la construction de la France. Au contraire, ils sont une priorité», insiste M.Rouault.