36 banques de semences naturelles des différents continents ont déposé récemment leurs graines au Svalbard Global Seed Vault, le «coffre-fort» alimentaire mondial qui regroupe les échantillons en double de plus de 5 000 espèces végétales à travers le monde. Mardi, le Maroc a fait partie des pays dépositaires. Le Maroc fait partie des pays ayant déposé les échantillons de leurs semences naturelles auprès de la Réserve mondiale de semences du Svalbard (Norvège), site scientifique de référence connu comme étant la banque des graines dans le monde. Ce dépôt a été fait lors d'une cérémonie organisée par le Première ministre norvégienne et coprésidente du groupe de l'ONU des défenseurs des Objectifs du développement durable (ODD), Erna Solberg, en présence de représentants venus des pays concernés. Parmi ces pays, le Maroc est pour la première fois représenté, en l'occurrence par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui possède une banque de semence dans la région de Settat et qui a désormais fait son premier dépôt à Svalbard. Celui-ci a consisté en des échantillons de graines de coriandre, d'orge, de lentilles et de blé. Sauver prioritairement les semences des zones menacées «Depuis le début des activités de stockage et de conservation en 2003, l'INRA a conservé plus de 157 genres et 526 espèces», rappelle l'institution norvégienne. Elle explique la diversité des semences marocaines par le climat du pays, ce qui a permis de créer «un large éventail de flore unique, entre les montagnes de l'Atlas et du Rif, deux ''points chauds'' de la biodiversité internationalement reconnus». Aujourd'hui, le Maroc compte plus de 7 000 espèces végétales, dont plus de 20% sont originaires du nord-ouest. «Plus de 43% des terres arables [dans le pays] sont utilisées pour des céréales telles que le blé et l'orge», ce qui explique les raisons du dépôt de ces graines auprès de l'institut norvégien. Cependant, «d'autres exportations importantes incluent la canne à sucre, les agrumes et les olives», mais ne figurent pas encore parmi les échantillons déposés à Svalbard. Ceux qui sont désormais enregistrés proviennent principalement des zones les plus menacées par la sécheresse et les changements climatiques. Présent également au Maroc, mais aussi au Liban, le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) a déposé d'autres échantillons. Ces derniers sont issus des récoltes dans les zones arides, où les précipitations sont rares et la désertification un danger réel. Il s'agit là encore du blé et de l'orge, en plus de l'avoine et d'autres céréales ou légumineuses, telles que les fèves, les pois chiches, les lentilles et les végétaux de culture fourragère, en plus de certaines espèces sauvages. Un projet de sécurité alimentaire pour les générations futures L'ICARDA stocke un large catalogue d'espèces, grâce à sa présence via des programmes de recherche depuis 1977 dans plusieurs régions à travers le monde, particulièrement en Asie de l'Ouest, du Centre et du Sud, en Afrique et au Moyen-Orient. Ainsi, il couvre une cinquantaine de pays et recense plus de 900 variétés améliorées de blé, en plus de sa capacité à conserver plus de 135 000 échantillons des graines de plus de 110 pays. Premier des déposants auprès de Svalbard, l'ICARDA a remis des échantillons au centre norvégien depuis février 2008. A ce jour, il en a déposé plus de 70 000 auprès de cette structure. 50 000 l'ont été en 2017 seulement, puisqu'il a fallu déplacer tous ceux stockés jusque-là à Alep (Syrie), à cause de la destruction du lieu ayant servi à cet effet. Située sur un archipel arctique, la Réserve mondiale de semences du Svalbard représente un «coffre-fort» à graines, artificiellement refroidi à -18 degrés. Sa structure rocheuse épaisse garantit ces conditions de conservation, même sans électricité. Elle permet ainsi le stockage de plus de 5 000 espèces végétales de différentes régions du monde. Cette réserve constitue ainsi une structure ultime pour l'approvisionnement alimentaire mondial, offrant aux générations futures des options pour faire face aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire de la population mondiale croissante.