Face au défi du changement climatique, une découverte scientifique ouvre la voie pour la culture du blé dans des températures hausses. Les travaux d'une équipe de chercheurs du Centre international pour la recherche agricole dans les régions arides (ICARDA), dont le siège se trouve à Rabat, viennent d'être couronnées par une découverte scientifique permettant la culture du blé dur dans des conditions d'extrême chaleur. Cette découvert ouvre la voie à de nouvelles possibilités de cultiver le blé dur face à la hausse des températures et la diminution des rendements agricoles, causée par le réchauffement climatique. Ce projet de recherche a employé des techniques de sélections moléculaires non génétiquement modifiées, pour développer un ensemble de variétés de blé dur tolérantes à des températures d'une moyenne de 35 à 40 degrés, le long du bassin du fleuve Sénégal, en Mauritanie et au Sénégal, ainsi qu'au Maroc. Il a été mené en collaboration avec l'Université Mohammed V, le Centre national de recherche agronomique et de développement agricole (CNRADA- Mauritanie) et l'Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA-Sénégal) a été financé par le Conseil suédois de la recherche scientifique. Selon les initiateurs de ce projet de recherche, les graines découvertes poussent extrêmement vite, en seulement 92 jours et permettraient donc aux agriculteurs de la région du fleuve Sénégal de cultiver du blé entre les deux saisons du riz. Plus encore, les graines de blé récoltées étant de qualité industrielle supérieure si elles sont développées à grande échelle, cette découverte pourrait assurer 600.000 tonnes de nourriture nouvelle ou 180 millions d'euros de revenu supplémentaire pour les petits agriculteurs de la région. S'exprimant lors d'une rencontre avec la presse tenue vendredi, Filippo Bassi, chercheur au sein de l'ICARDA, a souligné que cette découverte présente un grand potentiel d'adaptation au Maroc et ce, à travers un partenariat avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui met à disposition d'ICARDA ses stations expérimentales, précisant que l'équipe de recherche a pu tester ces variétés de blé dur dans des conditions de haute chaleur des mois d'été à Séfrou, et durant toute l'année à Marrakech et Safi, ainsi que dans la région d'Agadir, ce qui a permis de noter l'adaptabilité et le bon rendement de ces nouvelles graines au Maroc. « Face au défi du changement climatique, impliquant l'augmentation des températures, cela offre une solution prometteuse pour l'Afrique de l'Ouest, mais aussi le Maroc et ses zones sahariennes », a-t-il poursuivi. Pour sa part, le directeur du pôle recherche et amélioration végétale de l'ICARDA, Michael Baum a souligné que l'Afrique de l'Ouest et du Nord sont de grands consommateurs de blé dur, mais importent plus de la moitié des graines qu'ils utilisent, d'où la nécessité de mener des recherches en la matière. A noter que cette découverte a été récompensée par le Prix pour l'Innovation dans la sécurité alimentaire lors du Barilla Forum pour l'alimentation et la nutrition à Milan, en décembre 2017, pour son potentiel à améliorer la vie de plus de 1 millions de familles de petits agriculteurs, vivant le long du fleuve Sénégal. L'ICARDA est une organisation mondiale de recherche pour le développement. Depuis sa création en 1977 en tant qu'Organisation à but non lucratif, elle a mené des projets de recherche pour le développement dans plus de 50 pays situés dans les régions arides.