Le décès, ce mardi, de l'ancien président égyptien est une occasion pour revenir sur les faits et les relations diplomatiques entre le Maroc et l'Egypte sous la présidence de Hosni Moubarak. Capturé au Sahara pendant la Guerre des Sables, il assurera la neutralité de l'Egypte sur le différend territorial pendant des décennies. Le roi Mohammed VI et l'ancien président égyptien Hosni Moubarak. / CNN Feu le roi Hassan II avec l'ancien président égyptien Hosni Moubarak. / CNN Hosni Moubarak, ancien raïs de l'Egypte ayant passé trois décennies à la tête du pays des Pharaons, est décédé ce mardi à l'hôpital militaire du Caire, à l'âge de 91 ans. Renversé par la vague du printemps arabe en 2011, il avait passé six ans en prison, condamné à la perpétuité, puis libéré après le retour de l'armée égyptienne au pouvoir. C'est en mars 2017 que les charges contre lui, relatives à sa complicité et conspiration présumées en vue de tuer des manifestants sortis réclamer son départ, ont été complètement abandonnées. S'il passera le restant de ses jours dans la discrétion, jusqu'à sa mort, la carrière et la vie de Hosni Moubarak, notamment en lien avec le Maroc, ont toujours été sous les feux des projecteurs. C'est le cas notamment de sa capture lors de la Guerre des Sables, entre le Maroc et l'Algérie. Un co-pilote capturé au Sahara par des Marocains En plein conflit armé ayant opposé les voisins-ennemis, alors que l'Algérie était soutenue par Cuba et l'Egypte, le royaume parvient à capturer des militaires algériens et égyptiens lorsqu'un hélicoptère de l'armée algérienne atterrit, par erreur ou à cause des conditions climatiques, près de M'Hamid El Ghizlane. Hosni Moubarak, encore officier, figure alors parmi les militaires capturés. Le groupe avait ensuite été transféré à Rabat, dans un centre de détention, où il sera emprisonné jusqu'à la fin de la guerre entre le Maroc et l'Algérie. Selon une version de l'histoire, c'est lors de la visite du président égyptien Gamal Abdel Nasser au Maroc que Hosni Moubarak finira par être libéré et regagnera son pays. Et cet incident semble avoir changé, à vie, la vision de l'officier égyptien des conflits. Car, en 1981, lorsque Moubarak devient président de la République arabe d'Egypte, après l'assassinat d'Anouar el-Sadate, son pays finit par entériner sa neutralité sur le dossier du Sahara, bien qu'il veille aussi au renforcement des relations entre le Caire et Alger. Toutefois, c'est sous son premier mandat que le Maroc, sous Hassan II, parvient à briser l'embargo et le boycott de produits que les pays arabes lui avaient imposé sur le Caire. En effet, après la signature des accords de Camp David, en septembre 1978, entre Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la médiation du président des Etats-Unis, Jimmy Carter, l'Egypte est expulsée de la Ligue arabe. Celle-ci choisit même la Tunisie pour y élire temporairement domicile. Ainsi, en février 1984, Hosni Moubarak se rend à Rabat pour rencontrer le roi du Maroc. «Moubarak s'est entretenu à trois reprises avec le roi Hassan II. Les deux chefs d'Etat sont parvenus, indique-t-on de bonne source, à un accord "de principe " pour rétablir leurs relations diplomatiques rompues depuis les accords de Camp David en 1978», écrit à l'époque l'agence Associated Press. Une décision qui «ne se concrétisera pas immédiatement». Cinq ans plus tard, Moubarak arrive alors au Maroc, qui accueillait une session ordinaire de la Ligue arabe. Selon le numéro 275 de la revue Daaouat Al Haq, éditée par le ministère des Habous et des affaires islamiques, Hassan II ouvrira, ce jour-là, ce sommet par la mise en avant des relations fraternelles entre les Etats arabes, tandis que Moubarak remerciera le Maroc pour l'accueil et réitèrera l'engagement de son pays pour la «solidarité arabe». Une relation renforcée sous le roi Mohammed VI Mais l'Egypte ne réintègrera la Ligue arabe qu'en septembre 1990, après avoir convaincu onze pays sur 20, soit le quorum nécessaire, pour la tenue d'une session extraordinaire de la Ligue. Selon Le Monde, cette session n'avait qu'un seul point à l'ordre du jour : «l'annonce du retour de la Ligue au Caire». En juin 1999, Hosni Moubarak se rend, encore une fois, au Maroc pour présider la Commission mixe maroco-égyptienne. Un mois plus tard, le roi Hassan II décède à Rabat. Le président égyptien sera parmi les chefs d'Etat ayant été présent aux funérailles du souverain. Son successeur, le roi Mohammed VI, maintiendra les relations fortes entre le royaume et l'Egypte. En 2000, il se rendra au Caire à trois reprises, d'abord pour prendre part au Sommet Europe-Afrique, puis en mai 2000 dans le cadre d'une visite officielle. Le 22 octobre 2000, le souverain répondra présent à un sommet extraordinaire de la Ligue arabe, dans le même pays. Pour sa part, Moubarak visitera le Maroc sous Mohammed VI à deux reprises, en 2002 dans le cadre d'une visite officielle, puis en 2006 pour présider la 6e session de la commission mixte. En 2011, après le renversement du régime Moubarak, le Maroc exprimera sa satisfaction de l'intervention de l'institution militaire pour garantir le transfert du pouvoir vers une autorité civile démocratiquement élue. Un communiqué de la diplomatie marocaine avait affirmé que le Maroc espère que «l'Egypte continuera de jouer pleinement et de manière essentielle son rôle sur la scène régionale et internationale, notamment dans la défense des enjeux du monde et la nation islamique».