Pour une fois, les blocages enregistrés à El Guerguerate ne sont plus un problème exclusivement marocain. L'Union européenne et la Mauritanie s'y sont récement intéressés. Les blocages que connait régulièrement le passage d'El Guerguerate commencent à préoccuper l'Union européenne et la Mauritanie. Une mobilisation qui intervient car le problème affecte directement des intérêts européens, particulièrement ceux des armateurs de la région de la Galice qui pêchent dans les eaux du voisin du sud. Les professionnels espagnols ont déjà alerté la Commission européenne du préjudice qu'ils subissent. En effet, une fois le débarquement des captures effectué au port de Nouadhibou, des camions prennent ensuite le relais pour transporter la marchandise vers l'Espagne via le passage frontalier entre la Mauritanie et le Maroc. Et c'est là où se situe l'origine des ennuis pour les Espagnols en raison des arrêts répétitifs de l'activité au passage frontalier, conséquences des protestations menées régulièrement par des sahraouis à El Guerguerate. Marge de manœuvre très réduite Pour éviter d'être les otages d'un conflit qui ne les concerne pas, les propriétaires de chalutiers ont proposé à la CE l'autorisation du débarquement des captures au port de Dakhla. Une requête restée sans réponse. Pour sa part, le gouvernement autonome de la Galice s'est saisi du problème. Il compte demander des compensations financières du Fonds européen maritime et de la pêche en faveur des armateurs qui pâtissent des blocages d'El Guerguerate. La question a été au cœur d'une réunion, tenue hier, avec l'association des professionnels du secteur, indique l'exécutif régional sur son site d'actualité. Visiblement, la colère des Espagnols commence à porter ses fruits. Après la visite d'une délégation européenne à Nouakchott afin examiner cette question, des responsables mauritaniens se sont rendus cette semaine à Dakhla pour les mêmes motifs. Une réactivité qui tranche avec le silence de Nouakchott avaient sur ces blocages alors même que l'approvisionnement du marché mauritanien en légumes et fruits est le premier affecté. Mais malgré cette mobilisation de l'Union européenne et dans une moindre mesure des Mauritaniens, le problème dépasse de loin leurs compétences. Les sit-in ouverts des sahraouis et parfois des chauffeurs de camions sont souvent observés sur le corridor qui relève exclusivement de la compétence de la MINURSO. Ni le forces dé sécurité du Maroc ni de la Mauritanie ne sont habilités à intervenir pour éloigner les manifestants. En témoigne, l'épisode de la crise de 2016. Durant huit mois, des éléments du Polisario avaient installé des checkpoints à El Guerguerate et multiplié les provocations contre les camions et véhicules en provenance du Maroc. Ce n'est qu'à la veille de l'adoption d'une nouvelle résolution sur le Sahara occidental par le Conseil de sécurité, le 30 avril 2017, qu'ils s'étaient retirés. Le passage, autrefois haut lieu de la contrebande et du trafic de drogue, est désormais le point de convergence de protestations pour la population locale.