En un an seulement, Mariam Ktiri, consultante en gestion, a quitté son bureau en Allemagne pour relever le défi d'enregistrer un record mondial. Ainsi, cette Casablancaise de naissance a gravi les sept sommets du monde en un an, notamment le Lhotse (8 516 m), la quatrième plus haute montagne du monde après l'Everest. Le moins que l'on puisse dire à propos de Mariam Ktiri, c'est qu'elle est une femme déterminée, se fixant un objectif et mettant tout en oeuvre pour l'atteindre. Depuis son enfance, la native de Casablanca avait un goût prononcé pour les activités en plein air, se plaisant à grimper les arbres ou à faire du vélo en pleine nature. «Petite fille particulièrement curieuse que j'étais, je ne ressemblais pas à celles de mon âge», confie-t-elle à Yabiladi. A l'école, elle est fascinée par les langues. Après avoir terminé ses études secondaires et étudié au Maroc pendant deux ans, elle s'est installée dans le sud de l'Allemagne, où elle a décidé de suivre son cursus en administration et gestion des entreprises, avant de vivre actuellement en Suisse. Les années d'études en Allemagne Avec le recul des années, Miriam Ktiri garde de son parcours en Allemagne une expérience qui a grandement développé son sens de la responsabilité et son sentiment d'indépendance, contrastant avec sa vie au sein du cocon familial. «Vivre à l'étranger vous pousse davantage à compter sur vous-même et à prendre des décisions importantes», souligne-t-elle. A l'université, la Marocaine s'est inscrite aussi dans des associations sportives estudiantines, malgré les contraintes des premiers mois, notamment la barrière linguistique du dialecte bavarois dans le sud d'Allemagne. «Je me souviens qu'une fois à l'université, pendant le cours de mathématiques, le professeur a commencé à donner une conférence en dialecte bavarois. J'avais les larmes aux yeux à un moment, ne comprenant pas ce qu'il disait», se rappelle-t-elle. Persévérante, l'étudiante a réussi à surmonter ce défi et d'autres encore, décrochant son diplôme et obtenant une maîtrise trilingue en relations internationales et études européennes. Après quoi, elle a intégré le monde du conseil. Mais cette amoureuse des challenges n'a pas déposé les armes en atteignant ce premier objectif de vie. Pour trouver un équilibre entre le travail et la vie personnelle, elle s'est lancée dans la randonnée en Bavière, région où elle a habité. «La randonnée est un passe-temps largement partagé par les Bavarois, un loisir que j'ai beaucoup appréciée», souligne-t-elle. Mais cette activité n'a été qu'une introduction au monde de l'alpinisme pour Mariam, qui a rapidement voulu découvrir d'autres disciplines. Elle s'est sentie interpellée en entendant parler de l'ascension du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique. Elle est devenue membre du club alpin allemand et a suivi des cours pour apprendre de nouvelles disciplines de l'alpinisme et acquérir une solide expérience. Escalader les sept sommets du monde «La façon dont d'autres ont décrit leur expérience m'a donné l'envie d'essayer», a-t-elle rappelé. C'est ainsi qu'elle devient la première femme marocaine allemande et arabe à relever le défi en un an, de mai 2018 à mai 2019, en gravissant avec succès les sept sommets du monde (Kilimandjaro en Afrique, Denali en Amérique du Nord, Aconcagua en Amérique du Sud, le Massif Vinson en Antarctique, l'Everest en Asie, Elbrouz en Europe et Puncak Jaya en Océanie). Mais ce travail ardu a demandé beaucoup de patience et de préparation. «J'ai décidé de relever le défi cinq ans avant», a-t-elle déclaré avec fierté, ajoutant que «la phase la plus difficile de l'ascension de ces sommets a été celle de la préparation». En effet, la planification du voyage a été une étape primordiale, de la préparation physique et mentale à l'achat de l'équipement nécessaire, en passant par la collecte des fonds nécessaires pour le périple. Dans un premier temps, elle décide de faire l'Everest et le Lhotse, en gravissant les deux sommets en une seule étape. Motivée, elle enchaîne avec les autres étapes du voyage à travers une année mouvementée dont elle est sortie avec nombre d'enseignements de la vie. «J'ai appris par moi-même à quel point les femmes étaient fortes, face aux défis», affirme-t-elle. «Nous avons nos cultures et nos règles, mais elles ne doivent pas être des barrières pour nous, nous pouvons simplement atteindre ce à quoi nous aspirons», a-t-elle ajouté. Les prochains objectifs et défis de Mariam consistent à aider d'autres personnes à réaliser des exploits similaires. Elle partage son expérience en ligne avec ses abonnés et envisage de toucher un public plus large. «Je veux soutenir les futures alpinistes, les motiver et leur faire découvrir mon histoire», nous déclare Mariam. La jeune femme envisage également de venir au Maroc et de partager son savoir-faire avec les organisations et associations locales intéressées par l'alpinisme pour aider les jeunes Marocains qui veulent prendre exemple su son parcours.