Dans un rapport récemment publié, l'association Action droits des musulmans formule plusieurs critiques sur l'application de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT), qu'elle juge stigmatisante à l'égard des musulmans. La politique sécuritaire de la France alimente-t-elle l'amalgame entre musulmans et terroristes ? Oui, et plus encore, elle la confond. C'est ce qu'estime l'association Action droits des musulmans (ADM), qui a rendu public jeudi 13 juin un rapport au titre sans équivoque : «Punition collective». Le document de 40 pages se penche sur «la fermeture de mosquées et l'utilisation et l'impact des outils de lutte contre le terrorisme». L'ADM, organisation de défense des droits qui sensibilise sur le racisme antimusulman, se montre très critique sur l'application de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT) en matière de fermetures de lieux de culte dans le cadre de la politique antiterroriste. Créée durant l'état d'urgence «pour répondre aux besoins des victimes dans l'accès aux droits», l'association, qui suit également l'application des mesures administratives sur le terrain, fait état de sept fermetures de mosquées soupçonnées d'être des terreaux fertiles à la radicalisation djihadiste, depuis l'entrée en vigueur de la loi SILT, en octobre 2017. Elle précise qu'«aucune des mosquées fermées n'a fait l'objet d'une ouverture d'instruction judiciaire en lien avec du terrorisme». Le rapport, relayé notamment par Le Monde, indique également que les chiffres officiels font état, au total, de 20 mosquées fermées au cours de l'état d'urgence (du 13 novembre 2015 au 1er novembre 2017), ajoutant qu'«aucune n'a été autorisée à rouvrir», alors que la loi SILT stipule que la fermeture «ne peut excéder six mois». «Notes blanches» L'association pointe du doigt le mode de dénonciation de certaines mosquées et les bases sur lesquelles sont prononcée leur fermeture, en l'occurrence des «notes blanches» des services de renseignement, des documents «secrets, anonymes». En guise de justification, le ministère de l'Intérieur invoque «le secret défense et la protection des sources, ce qui ferme tout débat contradictoire auprès du tribunal administratif au détriment des droits de la défense et d'un procès équitable», estime l'association. «Il arrive que des responsables de mosquées voisines alimentent en calomnies les notes blanches sur certaines mosquées. Les fausses accusations relatives à l'adhésion aux thèses terroristes notamment, ressortent dans certaines enquêtes que nous avons menées sur les fermetures de mosquées», fustige également l'ADM. L'association dénonce ainsi une «politique sécuritaire [qui] confond musulmans et terroristes». Parallèlement, elle s'inquiète «des groupuscules suprémacistes, identitaires [qui] propagent le racisme antimusulman et s'appuient sur ces amalgames pour avoir des partisans». «L'arrestation de groupes terroristes d'extrême droite AFO qui projetaient des attentats contre les musulmans et les imams, les attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande en sont une démonstration flagrante», souligne-t-elle également.