Le Maroc a réagi promptement à l'adoption d'une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, alors que l'Algérie et le Polisario se font plus discrêts. Tour d'horizon. Le Maroc a réagi à chaud à l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 24 68 sur le Sahara. Elle «revêt une importance particulière», traduisant une «évolution quantitative», à travers «des éléments structurants» pour un processus politique basé sur des «paramètres de la solution définitive à ce différend régional» bien définis, précise le ministre des Affaires étrangères dans une déclaration parvenue à Yabiladi. Dans ce sens, le chef de la diplomatie affirme que «pour la première fois depuis 1975, le Conseil de sécurité mentionne 5 fois l'Algérie dans cette résolution». L'instance onusienne «reconnait, de ce fait, qu'une implication forte, continue et constructive de l'Algérie est nécessaire pour mettre un terme à ce différend régional qui n'a que trop duré». Le texte «réitère l'injonction faite au polisario de respecter le cessez-le-feu, puisque le paragraphe 6 rappelle «les engagements pris par le polisario envers l'envoyé personnel» de se retirer de Guerguarate et de s'abstenir de toute action déstabilisatrice à Bir Lahlou et Tifariti», s'est félicité Nasser Bourita. Les Etats-Unis décidés à intégrer la MINURSO dans le processus politique La satisfaction exprimée par le ministre des Affaires étrangères est à prendre avec distance. Cet après-midi au Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont réitéré leur engagement à modifier le mandat de la MINURSO. Washington est décidé, ainsi, à remettre sur la table des discussions sa revendication dans les mois à venir. «Comme nous l'avions déjà dit, les opérations de maintien de la paix de l'ONU doivent soutenir les solutions politiques et nous continuerons d'évaluer les résultats de la MINURSO par rapport à ce principe», a affirmé cet après-midi le coordinateur politique de la représentation permanente de la mission des Etats-Unis à l'ONU, Rodney Hunter. Dans la première mouture de son projet de résolution remis aux membres du «Club des amis du Sahara occidental», l'administration Trump a proposé d'intégrer la MINURSO dans le processus politique, notamment en ayant un accès direct et sans restriction aux acteurs locaux. Un élargissement auquel le Maroc et ses alliés se sont opposés. Les abstentions de la Russie et l'Afrique du sud Immédiatement après l'adoption de la résolution 2468, la parole a été donnée aux membres du Conseil de sécurité pour expliquer leur vote. Le représentant de Pretoria, Jerry Matjila, a estimé que le texte rédigé par les Etats-Unis est «déséquilibré». Et d'ajouter que son pays «ne peut permettre que le principe d'autodétermination du peuple sahraoui soit dilué en approuvant un texte aussi vague». Le diplomate a également pointé du doigt les supposées «violations des droits de l'Homme» commises par le Maroc envers les sahraouis. «Nous devons cesser de les priver de leurs droits à la liberté et au développement», a-t-il encore plaidé. Pour sa part, l'ambassadeur de Russie a expliqué que son gouvernement «a rejeté les amendements du texte portant atteinte à l'approche de négociation efficace entre les parties». Il a relevé que de «nombreux membres ont exprimé le souhait que le mandat de la MINURSO ait été prolongé d'au moins un an pour contribuer au processus politique», rejoignant ainsi la position du Maroc et de ses alliés. Discrétion du Polisario Etrangement, le Polisario tarde à communiquer sur sa position à l'égard de la résolution 2468. Les représentants du mouvement séparatiste se sont faits discrets, alors que leur agence de presse n'avait publié aucune dépêche à ce sujet, à l'heure où nous écrivions ces lignes. Le Front a déjà fort à faire avec la répression du mouvement de contestation à Tindouf. Occupée par la transition politique et les manifestations qui ne faiblissent pas, les autorités algériennes sont également restées sur la réserve, se contentant d'une dépêche de l'agence de presse officielle. Amertume au sein du Polisario Les représentants du Polisario à New York ont fini par réagir à la dernière résolution onusienne. L'amertume est de mise et explique le temps pris pour rendre publique leur position. Le mouvement séparatiste a exprimé sa déception concernant l'indulgence du Conseil de sécurité à l'égard du Maroc. Article modifié le 2019/05/01 à 00h12