Le rapport d'un conseil du département de l'Etat américain s'est penché sur le climat sécuritaire au royaume. A coup de restrictions conseillées aux citoyens américains, le rapport dresse un tableau clair-obscur du Maroc. Un rapport publié récemment par le Conseil consultatif sur la sécurité outre-mer (OSAC), rattaché au département d'Etat américain dessine le paysage sécuritaire au Maroc. Rédigé afin de promouvoir un dialogue ouvert entre le gouvernement des Etats-Unis et le secteur privé américain sur les questions de sécurité à l'étranger, le rapport formule des inquiétudes portant sur la criminalité dans le royaume. Le rapport se base sur des reportages dans les médias, «des observations anecdotiques», les dires des enseignants dans les écoles américaines et quelques rapports. Il évoque ainsi en premier lieu le taux de criminalité assez élevé dans les grandes villes, notant que les crimes les plus courants sont les délits mineurs, tels que les vols à l'arraché, les vols de véhicules, et les cambriolages. Les villes où les touristes seraient le moins en sécurité sont justement celles qui attirent le plus de touristes, à savoir «Marrakech, Casablanca, Tanger, Fès et Rabat». Insécurité dans les transports publics Se basant sur des évènements ponctuels, le conseil fait part des ses préoccupations et met quelques restrictions, allant jusqu'aux moyens de transport que devraient prendre ses ressortissants. Il conseille ainsi «d'éviter les bus publics intra-urbains au Maroc, qui sont souvent en mauvais état et les conducteurs peuvent être agressifs et téméraires. Eviter les 'grands taxis' qui peuvent être encombrés et inconfortables, sauf dans les zones rurales où il n'y a pas d'autre moyen de transport. Eviter de prendre des bus la nuit, car les routes deviennent plus dangereuses la nuit ; des criminels ont volé et/ou agressé sexuellement des voyageurs endormis». Plus loin, le conseil souligne que le risque d'attaque terroriste demeure modéré, notant la proactivité et l'efficacité des services sécuritaires marocains pour identifier et neutraliser les cellules terroristes et écrouer les coupables. Néanmoins, le rapport indique que «des informations crédibles indiquent que des groupes terroristes continuent de préparer des attaques au Maroc et qu'il existe un risque de violence terroriste contre les intérêts et les citoyens des Etats-Unis». Cette information fait écho à l'annonce du Département d'Etat américain qui a relevé, plus tôt ce mois-ci, au niveau 2 l'alerte de «prudence accrue» destinée aux ressortissants américains souhaitant se rendre au Maroc. Le Département d'Etat conseillait ainsi de «rester vigilant dans les lieux fréquentés par les occidentaux», d'«éviter les manifestations et les foules» et de s'inscrire au programme Traveler Enrollment Program (STEP) pour recevoir des alertes et faciliter la localisation en cas d'urgence. «La police moins sensible aux préoccupations des victimes» L'OSAC conclu en abordant la «réponse de la police», soulignant que «les responsables de l'application de la loi ont une bonne formation et nombre d'entre eux participent à des programmes de formation internationaux», tout en pointant cependant «le manque de personnel, et le sous-équipement». Le conseil affirme encore que «la police se fonde principalement sur des aveux plutôt que sur des preuves médico-légales pour déterminer la culpabilité» d'un individu, notant toutefois, un changement palpable compte tenu des récents programmes de réforme de la justice et de la police au Maroc, «appuyés par le gouvernement américain». Bien que «la police réagisse généralement de manière efficace à la dénonciation d'une victime étrangère d'un crime», dans les petites villes cela n'est pas toujours le cas, met en garde le rapport. «Dans de rares cas, les interactions avec la police, en particulier dans les petites villes et les zones rurales, n'ont pas été positives pour les étrangers», souligne-t-on, en dénonçant le fait que «les victimes sont souvent présentes lors des interrogatoires de suspects, ce qui peut créer une situation inconfortable pour une victime». Plus loin, le rapport évoque que «certains citoyens américains signalent que les procédures policières semblent moins sensibles aux préoccupations des victimes que les procédures américaines, en particulier dans les cas de violence domestique ou d'agression sexuelle, ou lorsque la victime et l'auteur sont étrangers». La traduction poserait également problème, ce qui se répercute sur la qualité d'interprétation, poursuit-on. Il est à noter que le bureau américain de la sécurité diplomatique publie ce rapport chaque année et pour chaque pays, afin d'évaluer les dangers qu'encourent les ressortissants américains à l'étranger, le but étant de promouvoir la coopération sécuritaire.