Sous la houlette du président égyptien Abdel Fattah Al Sissi, l'Union africaine entend jouer un rôle dans la crise libyenne. Néanmoins, la réunion du 23 avril tenue au Caire a surtout permis de légitimer l'offensive des forces de Khalifa Haftar sur Tripoli. Le Maroc n'a pas été convié par l'Egypte à prendre part à la réunion, tenue mardi au Caire, consacrée à l'examen de la situation en Libye. Une absence qui, à la veille de sa tenue, a certes soulevé des interrogations ayant été vite dissipées par la teneur de la Déclaration du Caire. Officiellement, seuls les membres de la troïka de l'Union africaine, composée des présidents égyptien Abdel Fattah Al Sissi, du Rwandais Paul Kagamé et du Sud-africain Cyril Ramaphosa, ont pris part à la rencontre aux côtés du chef de l'Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, à la tête du Comité de l'UA pour la Libye, et du président de la Commission de l'UA, Moussa Faki. Néanmoins, la diplomatie du Caire a tenu à élargir la liste des invités à ce mini-sommet pour intégrer les présidents du Tchad Idriss Déby, du Djibouti Ismaïl Omar Guelleh et du Somalie Mohamed Abdullahi Mohamed. Ont participé également à la rencontre, le vice-premier ministre de l'Ethiopie, les ministres des Affaires étrangères de l'Ouganda et du Kenya ainsi que le secrétaire général du ministère nigérian des Affaires étrangères. Légitimer l'intervention des forces de Haftar La réunion du Caire a été sanctionnée par un communiqué final dans lequel les participants ont appelé à «permettre à l'armée de s'acquitter de son devoir de préserver l'unité et la souveraineté du territoire libyen, et ce, en mettant un terme au chaos des milices et (…) d'éliminer le terrorisme». Un passage qui donne davantage du crédit aux «arguments» présentés par le maréchal Khalifa Haftar pour justifier son offensive sur Tripoli et les autres régions du pays. Le texte a, par ailleurs, mis sur le même pied d'égalité le général Haftar et le gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez El-Sarraj, les appelant à la «retenue et au respect de l'intégrité physique des civils et à faciliter l'accès des aides humanitaires». Les signataires de la déclaration du Caire se sont gardés de mentionner l'Accord de Skhirat, signé le 17 décembre 2015 bien qu'ils aient invité les parties à «poursuivre les négociations politiques sur la base de l'accord politique libyen». Aucune indication n'a été fournie par les participants à cet égard, sachant que depuis la rencontre de Skhirat, plusieurs rendez-vous ont eu lieu, notamment à Paris en mai 2018 et à Abou Dhabi le 28 février 2019. Des prises de positions que le Maroc ne partage pas. Les médias officiels au royaume continuent, d'ailleurs, de qualifier les troupes de Haftar de «forces» et non d'«Armée nationale libyenne». Pour rappel, le 17 avril à Rabat et au terme d'une réunion avec un émissaire de Fayez Al Sarraj, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que «le Maroc suit avec une grande inquiétude la situation en Libye, notamment à la lumière de l'escalade militaire à l'entrée de la capitale Tripoli et les conséquences qui peuvent en découler en termes de tragédies humaines et son impact sur la stabilité dans ce pays du Maghreb».