Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a pressé jeudi le premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah de tenir les élections législatives et présidentielles comme prévu en décembre, deux jours après avoir reçu le président du Parlement et l'homme fort de l'Est libyen Khalifa Haftar. La veille, le conseiller du département d'Etat américain Derek Chollet, en visite à Tripoli, avait qualifié ce scrutin de «meilleure opportunité depuis une décennie de mettre fin au conflit» en Libye qui tente de s'extraire d'une décennie de violences et de luttes au pouvoir. Le Maroc et la communauté internationale ont appelé les autorités libyennes à organiser les élections selon le calendrier convenu. L'Egypte refuse «toute forme d'ingérence» «Le président Sissi a insisté sur l'importance de la tenue des élections libyennes à venir pour respecter et mettre en œuvre la volonté du peuple», a indiqué son porte-parole Bassam Radi. La ministre libyenne des Affaires étrangères Najla al-Mangoush n'avait pas écarté fin août la possibilité d'un report des élections si le Parlement tardait à entériner la loi électorale. Dbeibah est en visite au Caire dans le cadre de réunions d'une commission mixte entre les deux pays voisins, l'Egypte plaidant régulièrement auprès de Tripoli pour dire «son refus de toute forme d'ingérence étrangère en Libye», comme le rappelle Radi. En décembre, l'ONU estimait à quelque 20 000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye : des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, des Soudanais ou encore des Syriens. Plusieurs centaines de militaires turcs sont eux aussi présents en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli. Le Parlement doit ratifier le texte La question des élections prévues le 24 décembre est centrale en Libye, où le président du parlement Aguila Saleh a récemment ratifié sans l'avoir soumis au vote des députés une loi relative à la prochaine présidentielle, une décision perçue par plusieurs critiques comme favorisant le maréchal Haftar. Le parlement doit encore débattre et ratifier la loi électorale concernant les législatives. L'Egypte a longtemps été considérée comme l'un des principaux soutiens de Haftar dans le conflit en Libye, marqué ces dernières années par les tensions entre deux pouvoirs rivaux dans l'Est et l'Ouest.