Toute avancée en Libye des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) soutenues par la Turquie risque de mener à l'intervention « directe » de l'Égypte, a menacé samedi Abdel Fattah al-Sissi. Pour le président égyptien, Syrte représente une « ligne rouge », a-t-il averti. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a prévenu samedi 20 juin que toute avancée des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), soutenues par la Turquie, vers la ville stratégique de Syrte en Libye, pourrait mener à une intervention « directe » du Caire. Avec l'appui d'Ankara, les forces loyales au GNA – basé à Tripoli et reconnu par l'ONU – ont engrangé d'importantes victoires depuis début juin, reprenant le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye, au dépend du maréchal Khalifa Haftar. Les troupes rivales de l'homme fort de l'est libyen, soutenu entre autres par l'Égypte, n'ont cessé de reculer ces dernières semaines, signant l'échec de leur offensive sur Tripoli lancée en avril 2019. Les forces du GNA restent néanmoins freinées dans leur avancée vers la ville côtière de Syrte, verrou stratégique vers l'Est et sous contrôle du maréchal Haftar. Ville natale de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, Syrte, ainsi qu'Al-Joufra plus au sud, représentent une « ligne rouge », a averti Abdel Fattah al-Sissi, lors d'un discours retransmis à la télévision. Si cette ligne est franchie, la sécurité de l'Égypte, qui partage une frontière poreuse avec la Libye, nécessitera une « intervention directe » des forces égyptiennes dans le pays, a-t-il déclaré. Pour le GNA, il s'agit d'une « ingérence dans les affaires (internes) et une menace grave pour la sécurité nationale de la Libye » et la « paix internationale », a déclaré Mohamad Amari Zayed, membre du Conseil présidentiel du GNA. « Il ne peut y avoir de lignes rouges à l'intérieur de nos frontières et sur nos terres », a-t-il clamé. « Aucune partie étrangère n'aura d'autorité sur son peuple. » Ankara a de son côté exigé samedi le retrait des troupes du maréchal Haftar de la ville de Syrte comme condition préalable à toute trêve. Ces avertissements successifs interviennent après l'invitation lancée par le Caire, et refusée vendredi soir par le GNA, d'assister à une réunion d'urgence sur la Libye de la Ligue arabe, dont le siège est basé dans la capitale égyptienne. Le GNA et la Turquie ont fait part de leur scepticisme, considérant l'initiative égyptienne comme une manière de faire gagner du temps au maréchal Haftar, qui est aussi soutenu par les Émirats arabes unis et la Russie.