Fouad Ali El Himma est de retour ! Le très critiqué «ami du roi» et non moins fondateur du Parti authenticité modernité (PAM) a été nommé conseiller par Mohammed VI. Un geste très surprenant, diversement interprété dans la classe politique. Sur les réseaux sociaux, c'est surtout l'indignation et la déception qui prédominent. Fouad Ali El Himma retourne dans le sérail royal. Le roi Mohammed VI l'a choisi comme conseiller, démentant du coup tous ceux qui donnaient «l'ami du roi» politiquement mort. El Himma a reculé (en démissionnant des structures dirigeantes du PAM), pour mieux sauter et atterrir de nouveau dans le centre névralgique du pouvoir au Maroc : le Palais. Sa nomination surprise ce mercredi 7 décembre 2011, a délié bien des langues. Pour Mustapha Ramid du PJD, «il y avait deux choix : soit El Himma reste dans l'arène politique en n'étant pas l'ami du roi ou qu'il rejoigne son ami le roi en s'écartant de la politique». Du moment que la deuxième option a été privilégiée, ce membre du Secrétariat national de la formation du nouveau chef du gouvernement est catégorique : «qu'il ne continue plus de soutenir ou de favoriser le PAM. S'il est conseiller royal, qu'il s'éloigne du PAM. Ce sera mieux pour lui et pour le pays». Mustapha Ramid, que beaucoup attendent au ministère de la Justice refuse d'interpréter le «message du Palais» mais insiste sur la bonne «entente» entre le roi et le futur gouvernement, sinon avertit-il : «la cohabitation n'ira pas loin». Benkirane sur l'entourage de Mohammed VI Le politologue Mohamed Darif voit pour sa part «deux messages» que le roi a voulu véhiculer à travers sa décision : «Rupture de tout lien d'El Himma avec le PAM» et «réhabilitation» de ce camarade de classe, objet des critiques du Mouvement du 20 février et du PJD. «Le Palais, insiste darif, veut montrer qu'il a ses critères à lui pour choisir les personnalités». Le tonitruant Mohamed Moujahid du PSU lui n'est guère surpris ni étonné par cette nomination : «Il ne faut pas halluciner» rétorque-t-il ironiquement. «Ce n'est pas paradoxal, cela va avec la réalité marocaine, poursuit le secrétaire général du PSU qui avait boycotté le référendum et les législatives. El Himma a toujours joué un rôle important au sein de l'appareil d'Etat. Il était dans l'ombre, à présent il (le roi) l'officialise». Pour Moujahid, il faut s'éloigner des «enjeux de personnes [car] c'est un problème de système. C'est ce dernier qui doit changer» continue-t-il de crier. «Cadeau au M20» Sur les réseaux sociaux aussi, cette nomination est abondamment commentée. Pour de nombreux internautes, il ne s'agit rien d'autre que de la désignation du «chef du gouvernement de l'ombre» avant que Benkirane, ennemi politique d'El Himma, ne prenne ses quartiers à la primature. «Je m'excuse d'avoir cru un peu à la volonté de changement du régime», se désole l'auteur de ce commentaire, alors que d'autres voient dans ce geste «un cadeau royal au Mouvement du 20 février» qui a toujours craché sur «l'ami du roi».