Du 17 au 20 avril à Venise et Trévise, la septième édition du Festival international italo-marocain fera la part belle à l'échange culturel et économique entre Marocains installés en Italie et acteurs locaux de la vie publique, tout en faisant connaître des pans de l'histoire du pays. Abdallah Khezraji, président de l'association qui organise l'évènement, explique à Yabiladi son importance. Quels sont les objectifs de ce festival ? Cela fait sept ans que nous organisons ce festival, avec la participation d'associations marocaines telles que Ribat Al Fath à Rabat. Cette rencontre couvre un champ large, avec des rendez-vous culturels, des rencontres avec des acteurs politiques, des artistes, des historiens ou des sportifs, afin de nous rapprocher nous, Maroco-italiens et entrepreneurs, ainsi que nos enfants nés ici, de notre pays d'origine qu'il faut savoir connaître, tout en échangeant également avec des Italiens. C'est une manière de faire le pont entre ces deux cultures chez les Marocains vivant ici, sans tomber dans le communautarisme afin de s'enrichir de cette diversité. Il s'agit donc de consolider les rapports humains et de les dynamiser, que ce soit sur le plan culturel, économique ou politique. Quel est le programme de cette année ? Demain, une rencontre est prévue avec plusieurs élus locaux, des représentants de villes et de mairies, mais aussi des parlementaires et des Marocains pour échanger sur nos expériences, donner lieu à de nouveaux projets ou collaborations. Il y aura ensuite une rencontre pour faire connaître le cinéma marocain auprès du public italien, avec la présence de certains artistes nationaux comme Driss Roukhe, les cinéastes Driss Mrini, Mohamed Karrat et Hamid Basket, les comédiennes Jalila Talemsi et Hasna Tamtaoui, ou encore Farid Regragui. Nous invitons également des professionnels de médias marocains et prévoyons une table-ronde sur la coexistence des religions au Maroc ainsi que le rôle de celui-ci dans la promotion de l'islam modéré sur le continent africain, à travers l'expérience de la zaouia Tijaniyya. Par ailleurs, une rencontre sera consacrée aux opportunités d'investissement dans le royaume, que ce soit pour les entrepreneurs marocains d'ici ou italiens, en plus d'un meeting entre acteurs de la société civile des deux pays. A chaque fin de journée se tiendra une projection de film. En clôture est prévue une cérémonie d'hommages en plus de concerts de musique traditionnelle marocaine et de groupes italiens, avec la participation de la chorale féminine de musique andalouse. Jusqu'à quel degré ces activités culturelles conjointes impactent l'intégration des ressortissants installés là-bas ? Pour les immigrés, cette forme de journées culturelles leur permet de se retrouver pour mieux se connaître et mieux connaître aussi les acteurs quotidiens de la société dans laquelle ils vivent, tout en y participant activement. Plus qu'une mixité ou une intégration, c'est une démarche d'inclusion qui ouvre également des opportunités de partage pour les uns et pour les autres, dans l'espoir que ce processus ne s'arrête pas au terme de ce rendez-vous qui se veut une plateforme et un élément déclencheur de cet échange. Puisque nous bénéficions d'une large couverture médiatique en Italie, c'est aussi une chance à saisir pour donner une autre perception du pays et de sa diaspora, tout en poussant, pourquoi pas, les Italiens à visiter le Maroc. En tant qu'entrepreneurs maroco-italiens qui participons activement à l'organisation de ce festival, nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans la dynamisation des relations entre les deux pays, en incluant concrètement des acteurs de la vie publique, mais aussi monsieur tout le monde. Alors que des approches sécuritaires tendent à limiter l'accueil des migrants, le dialogue entre les cultures est-il une solution au discours xénophobe ? Ce n'est pas qu'une approche sécuritaire uniquement, car celle-ci s'inscrit véritablement dans un projet idéologique que met en œuvre l'extrême droite, actuellement à la tête de la coalition gouvernementale italienne. La situation politique est difficile avec un discours et des actes hostiles aux migrants, mais elle doit constituer un catalyseur, nous poussant à lancer des initiatives et à s'impliquer encore plus dans la société italienne, afin de ne pas tomber dans le piège de cette extrême droite. Nous devons agir dans l'idée que ce soit cette dernière qui gouverne ou une autre formation, nous sommes présents dans la société italienne, nous faisons partie de sa réalité et nous sommes actifs en son sein. Nous devons militer pour cela afin de conserver la dignité de tous, migrants, citoyens locaux et binationaux. Je suis maroco-italien et je vis ici depuis plus de trente ans. Je suis donc de ceux qui se revendiquent comme membres actifs des sociétés de nos deux pays, que nous ambitionnons de lier à travers des activités comme ce festival.