Depuis sa nomination en mars 2017 pour former un nouveau gouvernement, El Othmani fait face à une série d'actes de défiance de son autorité de la part du groupe des députés du PJD. Actuellement, ils sont entrés dans la phase de la «désobéissance», refusant de voter le projet de loi-cadre n°51-17 portant sur l'enseignement. La session du printemps du Parlement s'ouvre officiellement vendredi 12 avril. Quatre jours nous séparent de cette échéance sans que des éléments fiables suggèrent l'adoption, au cours de cette session extraordinaire, du projet de loi-cadre n°51-17 relatif au système de l'éducation, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique. Le compromis autour des langues étrangères d'enseignement des matières scientifiques, arraché le 25 mars après de longues heures de négociations entre les présidents des groupes de députés et le président de la Chambre des représentants en concertation avec les secrétaires généraux des partis, a volé en éclat. En cause, la fronde des parlementaires du PJD ayant massivement soutenu l'appel émanant, la semaine dernière, d'Abdelilah Benkirane, en faveur du vote contre le texte et notamment les articles (2 et 31) se rapportant aux langues d'enseignement des matières scientifiques. «Il ne vous appartient pas de voter en faveur de ce projet de loi. Ce sera un coup dur. Les citoyens et les partisans vous tourneront le dos», a-t-il mis en garde dans une sortie le 1er avril. Un avertissement en phase avec la requête exprimée la veille par le Mouvement unicité et réforme. La crédibilité d'El Othmani en jeu Deux sorties ayant porté un sérieux revers au leadership, déjà entamé, d'El Othmani. Deux ans après avoir été propulsé à la tête du gouvernement, dans le sillage de la destitution de Benkirane par le roi Mohammed VI, il n'est pas encore parvenu à imposer ses choix sur l'ensemble des structures, à l'exception du secrétariat général transformé en un club privé auquel seuls ses fidèles ont le droit d'accéder. Depuis l'appel de Benkirane, El Othmani cherche une issue de secours à même de lui sauver la face devant les réels tenants du pouvoir au Maroc. Sa proposition d'autoriser les islamistes de s'abstenir de voter les articles 2 et 31 du projet de loi-cadre n°51-17 a été rejetée par les autres composantes de la majorité et de l'opposition. Elles ont exigé, en revanche, d'honorer l'ensemble des engagements pris dans la nuit du 25 mars. Face à un chef du gouvernement de plus en plus isolé par ses propres «frères» et «sœurs», l'Istiqlal a suggéré à Saâdeddine El Othmani de recourir à l'article 103 de la constitution. Une solution pour dépasser le blocage, expliquent les amis de Nizar Baraka. «Le chef du gouvernement peut engager la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des représentants, sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte. La confiance ne peut être refusée ou le texte rejeté qu'à la majorité absolue des membres composant la Chambre des Représentants. Le vote ne peut intervenir que trois jours francs après que la question de confiance ait été posée. Le refus de confiance entraîne la démission collective du gouvernement», lit-on dans le texte de la loi fondamentale. Une initiative aux conséquences périlleuses sur l'avenir non seulement d'El Othmani, mais également du PJD. Cela aggraverait les fractures au sein de la Lampe et pourrait même conduire à son implosion.