Le parlement français s'apprête à élargir l'interdiction du port du voile dans les lieux publics. Une nouvelle proposition de loi a été adoptée dans par une commission du sénat pour interdire le port de signes religieux dans les crèches, les centres de loisirs et de vacances et mêmes chez les assistantes maternelles. Une mesure que le Collectif contre l'islamophobie en France qualifie de «surenchère islamophobe». La Commission des lois du sénat français a adopté, mercredi 30 novembre, une nouvelle proposition de loi «visant à étendre l'obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité». Le texte a été proposé par la sénatrice de la Haute-Garonne, Françoise Laborde, membre du Parti radical de gauche et par ses collègues du groupe parlementaire Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE). Les auteurs de ce nouveau texte disent déplorer «qu'une crèche privée laïque puisse rencontrer des difficultés à faire respecter son caractère laïc et [souhaitent] clarifier les règles» qui définissent les conditions d'accueil de la petite enfance en dehors du domicile parental (dans les crèches, haltes garderies, jardins d'enfants) et à domicile (crèche familiale, assistantes maternelles). La proposition de loi, adoptée par la Commission des lois, pourtant dominée par les socialistes, prévoit ainsi : «lorsqu'ils bénéficient d'une aide financière publique, les établissements et services accueillant des enfants de moins de six ans sont soumis à une obligation de neutralité en matière religieuse». En second lieu : les établissements non subventionnés par l'Etat «peuvent apporter certaines restrictions à la liberté d'expression religieuse de leurs salariés au contact d'enfants», poursuit le texte. Appliquée aux musulmanes voilées qui exercent ces métiers, cette loi, encore gestation, les obligera à enlever leur voile. «Surenchère islamophobe» Une nouvelle «surenchère islamophobe», s'insurge le Collectif contre l'islamophobie en France qui ne comprend pas que la gauche puisse être à l'origine d'une telle «discrimination» et «stigmatisation». «L'islamophobie ne semble plus avoir de limites dans notre patrie, constate le CCIF. La course aux idées d'extrême droite visant à stigmatiser les musulmans en temps de crise n'est plus l'apanage d'une partie de l'UMP». Le Collectif interpelle donc les partis de gauche qui risquent de «décevoir ceux qui voyaient en François Hollande et Eva Joly des pourfendeurs des discours qui stigmatisent et divisent les Français». Sera-t-il entendu par les politiciens de la gauche ? Le Sénat débattra de la loi en séance publique mercredi 7 décembre. Si le texte est validé par le Sénat, ce sera ensuite au tour de l'assemblée d'en discuter.