La police française est en mauvaise passe. En effet, Amnesty international a adressé aujourd'hui une lettre ouverte à Michel Mercier, ministre de la justice français pour dénoncer les violences policières contre les «minorités visibles». Dans un rapport, publié aujourd'hui également, Amnesty revient sur cinq cas d'immigrés interpellés pour des motifs banals mais qui ont eu des fins dramatiques. L'une des victimes est un Marocain qui serait décédé sous les coups de la police. «C'est scandaleux, nous n'arrivons toujours pas à faire le deuil de la mort de mon frère. Tant que ces quatre policiers n'auront pas payé pour ce qu'ils ont fait, on ne pourra jamais oublier.», s'indigne Samira, la sœur de Mohamed Boukrourou. Ce marocain de 41 ans aurait succombé sous les coups des policiers qui l'auraient arrêté cet après-midi de 12 novembre 2009 à Valentigney, dans le Doubs. Arrêté suite à une simple altercation avec son pharmacien qui lui aurait vendu les mauvais médicaments, Mohamed Boukrourou aurait été menotté puis piétiné et passé à tabac dans la fourgonnette, selon un témoin présent ce jour là. La police déclare un arrêt cardiaque alors que la famille de Mohamed assure qu'il avait une des joues arrachée et le visage ravagé par les coups. Amnesty dénonce un «usage disproportionné de la force» A ce jour, les Boukrourou attendent que justice soit faite. Le cas de Mohamed et de quatre autres immigrés (dont un Tunisien et un Algérien), ayant péri dans des conditions similaires, ont fait le sujet du dernier rapport d'Amnesty International. Dans un rapport publié aujourd'hui et une lettre ouverte adressée à Michel Mercier, ministre de la justice français, Amnesty dénonce l'impunité d'actes graves commis par la police française et dont les principales victimes restent «les minorités visibles». Plus précisément, l'«Usage disproportionné de la force, tendance à interpeller davantage les personnes étrangères et d'origine étrangère, manque d'impartialité des enquêtes, réticences des procureurs à poursuivre des agents de la force publique, sanctions sans commune mesure avec la gravité des faits […]». «C'est comme si notre vie était en suspens» «Ce sont des enquêtes qui mettent tellement de temps, parfois des années, parfois au moins sept ans», explique Izza Leghtas, chercheuse chez Amnesty. «Pendant ce temps, les familles sont encore là même si la personne est décédée. Le droit des familles à un recours effectif continue d'être violé, tant que des enquêtes n'ont pas été menées», poursuit-elle. Abdelkader Boukrourou, frère de la victime le confirme. «C'est comme si notre vie était en suspens depuis deux ans. Et tant que cette affaire n'est pas jugée, tant qu'il n'y a pas eu de décision, on est toujours en attente.», assure-t-il dans le rapport d'Amnesty International. L'ONG recommande au ministère de l'intérieur français de «Veiller à ce que les policiers reçoivent une formation approfondie sur les droits humains, et en particulier sur l'interdiction de la torture», et juges d'instruction de mener des «enquêtes exhaustives, impartiales et véritablement indépendantes» afin que justice soit rendue aux victimes. Amnesty invite, enfin, le gouvernement français à tendre la main aux familles des victimes, qui sont considérées comme des victimes également et leur apporter une réparation «pleine et effective».