Après la montée des partis islamistes au pouvoir dans le Maghreb, et le parti Justice et développement (PJD) au Maroc lors du scrutin du 25 novembre dernier, la France change de discours. Les islamistes ne sont plus ennemis mais possibles alliés. Les médias français insistent sur le caractère «modéré» du PJD, et Alain Juppé relativise sa victoire. «La victoire du Parti islamiste Modéré au Maroc». La phrase est revenue comme un leitmotiv dans les bouches des journalistes français dès l'annonce du triomphe du Parti Justice et Développement (PJD) lors du scrutin du 25 novembre. «Modéré» est donc le mot à la mode pour désigner ces islamistes qui ont été depuis toujours diabolisés par les médias craignant pour les libertés individuelles dans les pays arabes. «Elections libres […] qu'il faut respecter» Les 107 sièges remportés par le PJD n'inquièteraient-ils vraiment pas la France ? Après la large victoire du parti islamiste tunisien Ennahda et celle, pas encore arrivée mais pratiquement acquise des frères musulmans en Egypte, la France change de discours. L'hexagone s'annonce prêt à pactiser avec le parti islamiste que les Marocains ont désigné pour gouverner le pays. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé s'est même «réjoui» de ces «élections libres». «Les élections au Maroc se sont déroulées dans de bonnes conditions comme en Tunisie. Elles ont donné un résultat qu'il faut respecter». Le Ministre a spécifié sur France info, hier, que le PJD «est un parti qui a des positions modérées» et que «On ne peut pas partir du principe que tout parti qui se réfère à l'islam doit être stigmatisé. Je pense que ce serait une erreur historique». Même pas peur des islamistes La référence religieuse dans les partis politiques n'est pas propre aux partis musulmans. Seulement, seuls les partis islamistes font autant de remous et nécessitent, pour les médias français, l'attribution d'adjectifs tels que «modérés»…ou pas. A-t-on déjà entendu l'expression «Parti Chrétien-Démocrate (PCD) modéré» ? Seraient-ils moins dangereux pour «les libertés individuelles» ? A entendre le discours de la députée Christine Boutin du PCD, rien n'est moins sûr. Le ministre des affaires étrangères français n'a cependant n'a pas omis de préciser qu'il est favorable uniquement à ceux qui «ne franchissent pas les lignes rouges, c'est-à-dire le respect des élections, l'Etat de droit, les droits de l'homme et de la femme». Alain Juppé a également relativisé la marge de manœuvre que pourrait avoir le PJD vu qu'il n'a pas eu la majorité absolue (qui est de 200 sièges). La France aurait-elle enfin compris que l'islamisme n'était pas une menace en soi, ou les discours restent-ils uniquement diplomatiques ? En tout cas, Dominique de Villepin, lui, n'a «pas peur des islamistes».