D'après de récentes recherches scientifiques, certains membres de l'équipage du Mary Rose étaient originaires d'Afrique du Nord, en l'occurrence du Maroc et d'Algérie. Les marins africains à bord du Mary Rose, le navire de guerre du roi Henry VIII, révèlent la diversité cachée de la période Tudor en Angleterre et au Pays de Galles, située entre 1485 et 1603. C'est ce qu'ont permis de découvrir de récentes recherches concernant l'équipage du Mary Rose, rapporte le magazine Smithsonian, du nom de l'institution de recherche scientifique américaine Smithsonian Institution. L'analyse ADN et isotopique des restes de huit marins découverts à bord du navire indique que deux d'entre eux provenaient probablement du pourtour méditerranéen et deux autres de l'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, selon le journal britannique The Independent. Les résultats font partie d'une étude commandée par le Mary Rose Museum de Portsmouth, où repose l'épave vieille de 400 ans. Ils attestent surtout du caractère multiculturel de la période Tudor, au regard du melting-pot que constituait l'équipage du Mary Rose, composé de marins d'Europe continentale et d'Afrique du Nord, notamment du Maroc et d'Algérie. Un squelette baptisé «Henry» par l'équipe de scientifiques laissait initialement entendre que l'un des marins était né et avait grandi en Grande-Bretagne, avant que des analyses génétiques suggèrent qu'il soit originaire d'Afrique du Nord. Les chercheurs ont analysé ce qu'il restait de son ADN, certes incomplet et érodé par le temps, et ont comparé les résultats avec les informations génétiques des populations modernes. Il en ressort que l'ADN de cet homme est génétiquement similaire à celui des populations nord-africaines d'aujourd'hui, et implique qu'au moins un de ses parents était originaire du Maroc ou d'Algérie. «Il se situe clairement dans les populations d'Afrique du Nord», a confirmé le Dr Sam Robson de l'université de Portsmouth au journal britannique The Guardian. Une équipe de scientifiques a étudié des restes humains retrouvés sur le Mary Rose, qui repose désormais au Mary Rose Museum de Portsmouth. / Ph. Avanti Media/Channel 4 Une migration établie en Espagne et au Portugal avant la Grande-Bretagne Même si ce dernier avait des racines en Afrique du Nord, il semble bel et bien que ce soit en Angleterre qu'il ait élu domicile : des analyses d'isotopes de l'oxygène de ses dents montrent qu'il vivait dans l'ouest ou le sud du pays. Ces recherches confortent l'hypothèse d'une réelle diversité culturelle durant la période Tudor. L'historienne Miranda Kaufmann, qui a beaucoup travaillé sur la présence africaine à l'époque de la Renaissance anglaise, mouvement culturel et artistique de la fin du XVe siècle au début du XVIIe siècle, explique que la période Tudor fut marquée par la présence de marins, d'artisans et de musiciens originaires d'Afrique. L'équipage nord-africain du Mary Rose s'est formé avant que les marchands ne commencent à voyager directement entre l'Angleterre et le Maroc, souligne Miranda Kaufmann, et il est fort probable que ces hommes ou leurs aïeux aient migré en Espagne et au Portugal avant d'atteindre la Grande-Bretagne. «Sur la base de nouvelles preuves scientifiques issues d'analyses isotopiques et de tests ADN de dents et d'os, l'exposition est jalonnée de découvertes et explore les origines de plusieurs membres de l'équipage», a déclaré à The Independent Alexzandra Hildred, responsable des recherches au Mary Rose Museum de Portsmouth. Quant au Mary Rose, il était emblématique de la dynastie des Tudors et faisait partie du programme naval du roi Henry VIII d'Angleterre. Après de bons et loyaux services pendant 33 ans lors de plusieurs guerres contre la France et l'Ecosse, et après une vaste reconstruction en 1536, il combattit pour la dernière fois le 19 juillet 1545.