Lors de la réunion de l'Union des Parlements de l'OCI à Rabat, les musulmans Ouïghours ont été oubliés au grand bénéfice de la Chine. Les plus de 10 millions de musulmans Ouïghours en Chine sont les grands oubliés de la 14e session de l'Union des Parlements de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) tenue du 10 au 14 mars à Rabat. La répression qu'ils subissent de la part de Pékin n'a pas eu droit à la moindre ligne dans le communiqué final rendu public jeudi soir. La résolution n°11 s'est contentée de réaffirmer «la nécessité de protéger les minorités islamiques dans les pays non musulmans, conformément aux principes, aux valeurs des droits humains, et à la liberté de conviction» ; «dénoncer les actes d'épuration ethnique visant ces minorités dans certains pays» ; et de «demander de procéder à une reddition des comptes à l'échelle internationale pour les responsables, et d'en informer l'Organisation des Nations unies et ses organes humanitaires et de protection des droits humains». Photo de famille de l'Union des Parlements de l'OCI à Rabat / Ph. MAP Les musulmans sourds et muets au sujet des Ouïghours Que les Ouïghours soient oubliés de la sorte n'étonne guère. En effet, la majorité des pays musulmans observent le silence face au drame vécu par les membres de cette communauté musulmane sunnite. De cette passivité, ils apportent une caution à la politique chinoise des «centres de transformation par l'éducation». Des camps d'internement où sont envoyés par la force des centaines de milliers de Ouïghours sous prétexte de lutter contre la radicalisation islamiste. En février, Pékin a même organisé une visite guidée dans la région autonome du Xinjiang où vivent les Ouïghours, à des ambassadeurs de plusieurs pays musulmans pour se rendre compte de son développement. De son côté, l'Arabie saoudite a apporté son soutien aux mesures prises par la Chine. En visite à Pékin le 22 février, le prince héritier Mohammed Ben Salmane a déclaré que «la Chine a le droit de prendre des mesures antiterroristes et antiextrémistes pour préserver sa sécurité nationale». Mohammed Ben Salmane lors de son voyage en Chine / Archive - Ph. ReutersMohammed Ben Salmane lors de son voyage en Chine / Archive - Ph. Reuters Plus de soutien de l'Occident que des pays musulmans Si les Etats musulmans se sont retenus de faire le moindre commentaire critique envers la politique chinoise à l'égard de leurs coreligionnaires ouïghours, certaines ONG internationales de protection des droits de l'Homme ainsi que l'ONU ont heureusement adopté une autre position. Ainsi le 31 août 2018, le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale s'est alarmé des «nombreux cas d'internement d'un grand nombre de Ouïghours et d'autres minorités musulmanes, détenus en secret et souvent pour de longues durées, sans être inculpés ou jugés, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme ou l'extrémisme religieux». Et de Human Rights Watch de lui emboîter le pas. Le 9 septembre 2018, HRW a dénoncé dans un rapport la «campagne massive et systématique de violations des droits humains des musulmans turciques du Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine». Jeudi 14 mars à Genève, la question des Ouïghours a été soulevée au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU par les représentants des Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Allemagne et Pays-Bas. Ils s'attendaient a un soutien ferme de la part de l'Union des Parlements de l'OCI, mais c'est Pékin qui jubile.