Auréolé de sa casquette de nouveau président de l'Union internationale des oulémas musulmans, Ahmed Raissouni a lancé une campagne contre les défenseurs des libertés individuelles, expliquant qu'ils «brisent la famille et le mariage». Samedi 24 février à Rabat, Ahmed Raissouni était invité par le Mouvement Unicité et Réforme (MUR), dont il fut le premier président de 1996 à 2003, à donner une conférence sur le thème de «l'institution de la famille à l'aune des finalités de la Charia». Le président de l'Union internationale des oulémas musulmans (sunnites), proche du Qatar et des Frères musulmans, a consacré son intervention à la mise en garde des dangers des «sirènes» des libertés individuelles au Maroc et ailleurs, particulièrement l'homosexualité et les relations sexuelles consenties hors mariage. Le religieux a, ainsi, appelé l'assistance à ne pas les sous-estimer. «Il y a une forte campagne menée par des organisations et des Etats visant à menacer la stabilité des familles», rapporte le site Al3omk. Et d'affirmer que l'homosexualité a «ses théoriciens», à tel point que «son droit est légitime et désormais reconnu comme faisant partie des droits de l'Homme. Les homosexuels sont actuellement une minorité qui bénéficie de la bienveillance des Nations unies et d'Etats occidentaux». Deux menaces plus graves que le terrorisme Ahmed Raissouni a consacré la deuxième partie de sa conférence aux relations sexuelles hors mariages. «Nous devons les combattre parce qu'elles brisent la famille et le mariage», a-t-il lancé. «Ces relations sexuelles interdites ne sont plus des comportements individuels comme c'était le cas auparavant. Elles sont un phénomène et un déluge» orchestrés par des «réseaux et des organisations qui trafiquent avec les relations sexuelles interdites des femmes, des hommes et des enfants. Ce que les chercheurs appellent la traite des êtres humains», a-t-il expliqué. Raissouni donne ainsi à son combat une tonalité conservatrice en vogue actuellement en Europe, visant principalement la prostitution dans des lieux fermés ou sur les trottoirs. Dans son réquisitoire, le religieux a estimé qu'«auparavant les risques provenaient de l'occupation, des catastrophes naturelles et des épidémies, mais aujourd'hui la famille est exposée à de nombreux dangers qu'il faut affronter», pointant essentiellement les promoteurs des libertés individuelles. Le président de l'Union internationale des oulémas musulmans a conclu sa conférence en couvrant d'éloges le Code de la famille au Maroc pour avoir défendu la famille. En revanche, et selon ses dires, ceux en Occident «reposent sur une philosophie individualiste.» Curieusement, si le MUR a annoncé sur son site web la date, le lieu et l'heure de la conférence d'Ahmed Raissouni, il ne lui a réservé jusqu'à présent la moindre ligne.