Après d'avoir réussi à réunir, en avril 2018 à Rabat, le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, et le président du Haut conseil d'Etat, Kahled Al Chemri, le Maroc effectue son retour sur la scène libyenne. Le ministre libyen de l'Intérieur est depuis hier au Maroc. Fathi Bachaga, nommé à ce poste en octobre dernier, a été reçu lundi par le ministre des Affaires étrangères et la coopération internationale. Ce mardi, il a eu des entretiens avec le chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani. Au cours de ces deux réunions, les responsables marocains ont dénoncé l'«ingérence étrangère» dans la crise libyenne. Nasser Bourita a réitéré son appel à laisser les Libyens régler eux-mêmes les «problèmes entravant la marche de l'édification de l'Etat sans interférences étrangères.» Une position partagée par Bachaga qui a plaidé pour «un éloignement des Libyens des agendas étrangers et à avoir la capacité pour s'auto-organiser sans une intervention étrangère et de consolider le discours patriotique qui encourage à la réconciliation», indique la télévision libyenne 218Tv. Solliciter l'expertise sécuritaire marocaine Certes, les deux parties sont sur la même longueur d'onde pour condamner certains Etats qui s'immiscent dans la crise libyenne, néanmoins chacune d'elle à sa propre définition de l'«intervention étrangère». Ainsi, le gouvernement de Fayez El-Sarraj a particulièrement dans le viseur les Emirats arabes unies et l'Egypte, grands appuis du maréchal Khalifa Haftar alors que et le Maroc pointe essentiellement le rôle de l'Algérie. Le voisin de l'Est était, d'ailleurs, en course déclarée avec le royaume pour la signature d'un accord de paix entre les différents acteurs du conflit libyen. Avec El Othmani, la discussion a porté sur une éventuelle contribution marocaine à la stabilisation du pays. Fathi Bachaga s'est dit favorable au renforcement de la coopération dans tous les domaines, particulièrement la sécurité, indique la présidence du gouvernement dans un communiqué. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un haut responsable libyen soumet une telle proposition. En 2012, l'ancien Premier ministre Ali Zeidan, en visite à Rabat, avait également sollicité l'expertise marocaine dans l'opération de la restructuration de l'armée, de la sécurité et des services secrets libyens. Rabat a accueilli, en avril 2018, une réunion de réconciliation entre le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Saleh proche du maréchal Haftar, et le président du Haut Conseil d'Etat, Kahled Al Chemri, un membre des Frères musulmans. La question libyenne a toujours figuré sur les communiqués sanctionnant les réunions de Nasser Bourita avec des responsables de l'Union européenne et des Etats-Unis.