De retour d'une visite à Alger, une délégation conduite par le chef de la sécurité des camps n'a fourni aucune réponse à la famille du disparu El Khalil Ahmed. L'ancien haut cadre du Polisario, chargé des questions des droits de l'Homme, n'a donné aucun signe de vie depuis septembre 2009. Dans les camps de Tindouf, la mobilisation de la famille et de la tribu du disparu El Khalil Ahmed se poursuit. «La ''khaima'' installée par nos proches connait quotidiennement l'arrivée de délégations de toutes les composantes de la société sahraouie pour exprimer leur solidarité avec nous. Néanmoins, les plus optimistes parmi nous commencent à être envahis par un sentiment de désespoir», nous confie l'un des fils de l'ancien haut cadre du Polisario. En cause, «l'échec», selon ses dires, de la mission menée en Algérie par Brahim Biadillah, le directeur de la sécurité dans les camps (le frère de l'ancien secrétaire général du PAM). «Après quelques jours passés à Alger, il est rentré sans apporter la moindre nouvelle sur notre père : est-ce qu'il est encore en vie ou est-il décédé en Algérie ? Il s'est contenté d'affirmer au comité composé de chioukhs de notre tribu (Rguibates Essouaad) qu'il a rencontré des responsables algériens, mais qu'il n'a aucune information sur le sort d'El Khalil Ahmed», raconte le fils du disparu, qui vit en France. El Khalil Ahmed était-il une menace pour la direction du Polisario ? Une version qui n'a pas apaisé la colère de la tribu et de la famille qui, par conséquent, ont organisé une manifestation devant le siège administratif du Front, au camp Rabouni. «Bien entendu, on doute des réponses de Biadillah, d'autant que dès son retour des camps il s'est réuni pendant des heures avec le ''Premier ministre'', Mohamed El Ouali Akeik et le ''ministre de l'Intérieur''. Le premier connait très bien les dessous du dossier puisqu'il a été chargé de le suivre en 2009», explique la même source. Force est de constater que dix ans après, les mêmes hommes en relation avec cette disparition occupent des responsabilités importantes dans l'appareil du Polisario. Outre El Ouali Akeiik, il y a encore Brahim Ghali, qui occupait en 2009 le poste d' «ambassadeur» à Alger. El Khalil représentait-il une menace pour le mouvement séparatiste ? «Avant sa disparition, il était en train d'écrire ses mémoires qui comportaient des vérités sur les relations secrètes du Polisario avec certains groupes au Sahel sans que le pouvoir algérien en soit au courant», explique son fils. Après la rencontre avec Brahim Biadillah, la famille et la tribu du disparu comptent accentuer la pression sur la direction du Polisario. «D'autres actions sont à prévoir dans les jours à venir», promet son fils.