On a beau parler de «diversité» dans certains milieux politiques français, mais force est de constater que dans les faits, elle est loin d'être une réalité. Le parti socialiste semble en tout le confirmer. Ses figures issues de l'immigration ont du mal à postuler dans les circonscriptions où le PS est donné favori. Ils sont plutôt lancés dans celles où le terrain est extrêmement miné. Exemples. «Le PS veut-il, oui ou non, une Assemblée aux vraies couleurs de la France?» Cette question n'est autre que celle d'un responsable du parti socialiste issu de l'immigration, en l'occurrence Malek Boutih. Une interrogation qui s'impose vu le très petit nombre de candidats PS de la diversité qui peuvent avoir la chance de remporter une circonscription lors des prochaines législatives françaises prévues en juin 2012. «Si on prend la fourchette haute, il y aura au maximum cinq élus issus de la diversité», pronostique un expert cité par le Parisien. Soit moins de 1% de la représentation nationale au Parlement. «En termes de qualité des circonscriptions proposées, compare-t-il, on est en dessous de ce qu'avait fait François Hollande en 2007». Lors de ces législatives, le PS avait instauré pour la première fois, des circonscriptions de la «diversité», mettant ainsi en avant des candidats issus de l'immigration. Mais pour l'année prochaine, «il n'est pas impossible que l'on décide de geler des circonscriptions», avertit Christophe Borgel, chargé des élections au PS. Pis, le parti de la rose rechigne à lancer ses visages d'origine étrangère dans des circonscriptions «gagnables». La plupart d'entre eux devront batailler ferme et prier pour un raz de marée des socialistes pour espérer obtenir une place au Palais Bourbon en 2012. Des paroles aux actes! C'est le cas de Faouzi Lamdaoui, appelé à postuler pour la 9e circonscription des Français de l'étranger. Lors des précédentes élections, ce proche du candidat des socialistes pour la présidentielle de 2012 avait pourtant réalisé un très bon score à Argenteuil (Val-d'Oise), où il ne fut devancé que de quelques 300 voix. L'ancienne porte-parole de Ségolène Royal, Najat Belkacem est quant à elle proposée à Lyon, où la bataille s'annonce serré. Pareil à Montreuil pour Razzy Hammadi, membre de la direction du PS et dans bien d'autres localités. Malek Boutih, qui devait postuler dans l'Essonne devra lui céder sa place à un certain Julien Dray, qui avait pourtant annoncé sa non-candidature. «L'enjeu, avance Razzi Hammadi, n'est pas tant de faire émerger de la diversité pour en faire des responsables, mais de favoriser l'émergence de personnalités pour ce qu'elles apportent en diversité», rappelle Razzi Hammadi. Mais les responsables de poids du PS semblent encore rester sourds à ce message. Pourtant, «dans tous les congrès, on fait applaudir la diversité», regrette Seybah Dagoma, adjointe au maire de Paris. «Il est temps de passer aux actes», conseille-t-elle.