Alors que certains commerçants ne décolèrent pas face à la polémique suscitée par la facturation électronique, le débat menace à nouveau la cohésion de la coalition gouvernementale, déjà fragilisée par plusieurs bras de fer. Ce weekend a été marqué par un échange d'accusations entre Saâdeddine El Othmani et Aziz Akhannouch. Les clashs entre le PJD et le RNI, qui font pourtant partie de la même coalition gouvernementale, se succèdent. Ce weekend, après avoir choisi Tamazight TV pour s'adresser aux commerçants en colère, le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, sous sa casquette de secrétaire général du PJD, est revenu sur ce dossier. Lors d'une rencontre de la section Souss de son parti, il s'est dit «étonné» de la publication, par le RNI, d'un communiqué dans lequel le parti se «désengage» de la colère des commerçants et accuse le gouvernement. El Othmani a rappelé que le RNI appartenait au gouvernement et que son groupe parlementaire a soutenu la mesure fiscale qui fait l'objet de manifestations des commerçants de proximité depuis le début de ce mois. Il a ajouté que le département de l'industrie et du commerce, «géré par le RNI», est à l'origine de ladite loi. «Si c'était un secteur qu'on gérait, nous aurions pu trouver des excuses, mais la solidarité gouvernementale implique que nous discutions de ces choses au sein du gouvernement et non pas en dehors», a-t-il ajouté. El Othmani a qualifié la «fuite en avant du RNI» de «repositionnement politique», estimant que le PJD «se comporte toujours de manière positive pour l'intérêt des citoyens». L'occasion de rappeler que l'obligation de facture dans le cadre des transactions n'est pas une mesure nouvelle et que «la facturation électronique ne concerne pas les commerçants de proximité» qui dépendent, eux, du régime forfaitaire. Le RNI appelle le gouvernement à «assumer sa responsabilité» Ce weekend aussi, le RNI a rejeté à nouveau la responsabilité de la grève des commerçants sur le chef du gouvernement et son parti. Dimanche, lors d'une session ordinaire du conseil national de son parti, Aziz Akhannouch, président du RNI et ministre de l'Agriculture, a rappelé que le chef du gouvernement «supervise l'élaboration du projet de loi de finances et le valide avant de le déposer au Parlement». Le patron de la Colombe a également précisé que le PJD préside la Commission des finances chargée d'«examiner le projet et l'adopte avant son vote au Parlement», ajoutant que les ministres du RNI «agissent sous la responsabilité du chef du gouvernement». «Dans le différend avec les commerçants, nous ne renvoyons la balle dans le camp d'aucun parti politique, mais demandons au gouvernement d'assumer son entière responsabilité», a-t-il ajouté. L'occasion pour le RNI d'annoncer également que son groupe parlementaire prépare une série d'amendements qui sera présentée aux partenaires politiques, dans le but de surmonter «les articles controversés de la loi de finances 2019».