Quatre semaines après l'inauguration du passage Tindouf-Zouerate, le ministre marocain Abdelkader Amara annonce la réalisation d'une route devant relier Gueltat Zemmour à Bir Mogrein, en Mauritanie. Un projet qui risque de replonger la région dans des tensions qui ne sont pas sans rappeler l'épisode de Guerguerate. En déplacement lundi dans la région Laâyoune-Sakia El Hamra, le ministre de l'Equipement, des transports, de la logistique et de l'eau a annoncé le projet de construction d'une nouvelle jonction terrestre entre le Maroc et la Mauritanie. Une autre qui pourrait s'ajouter à celle de Guerguerate. Abdelkader Amara a indiqué, dans des déclarations à Laâyoune TV, que le futur passage devra passer par l'Est d'Es-Semara, précisément de Gueltat Zemmour jusqu'à la Mauritanie. Une connexion qui «sera la plus proche» menant au voisin du sud, affirme le ministre. «Il s'agit d'une vielle revendication des élus de la région pour favoriser les échanges commerciaux avec la Mauritanie et le Mali. Durant la présence espagnole, il existait d'ailleurs une piste entre les deux points», nous confie une source au Sahara. Un autre front de tension avec le Polisario en perspective Néanmoins, la réalisation du projet devant relier Gueltat Zemmour à la ville mauritanienne de Bir Mogrein ne s'annonce guère facile. En cause, la présence du Polisario sur les terres situées à l'est du mur des Sables. Ce qui devrait nécessairement créer un autre front de tension et de joutes politiques entre le Maroc et le mouvement de Brahim Ghali aux Nations unies. Un casse-tête qui se profile pour la MINURSO alors qu'elle peine à assumer convenablement son mandat, frappée à son tour par la révision à la baisse des contributions des Etats-Unis dans plusieurs opérations de maintien de paix de l'ONU. Si pour le moment la direction du Polisario n'a pas officiellement réagi à l'annonce faite par Abdelakder Amara, le site Futuro Sahara pointe déjà une «violation du cessez-le-feu du 6 septembre 1991». Dans ses déclarations à la chaîne Laâyoune TV, le ministre marocain s'est gardé de mentionner ce point. En revanche, il s'est permis de décocher quelques flèches en direction du passage frontalier Tindouf-Zouerate, inauguré le 20 août, par les ministres de l'Intérieur de l'Algérie et de la Mauritanie. «Le Maroc est présent avec une conception claire contrairement à des «agissements déplacés (…) qui au grand regret n'apporteront rien dans ces Etats», a-t-il souligné. Article modifié le 19/09/2018 à 18h34