La marche d'aujourd'hui à Tanger des Subsahariens tombe mal pour le Maroc alors qui tentait d'expliquer sa politique migratoire. Les habitants redoutent des affrontements avec les migrants. Les souvenirs de 2015 sont encore frais. Les migrants subsahariens de Tanger sont en colère. Ce vendredi, ils ont tenté d'organiser une marche de la commune de Boukhalef, un haut lieu de la migration africaine, à destination du siège de la wilaya de la capitale du Détroit. Ils protestent ainsi contre les vagues d'arrestations et les opérations d'évacuations des appartements qu'ils squattent, notamment dans les quartiers de la banlieue Boukhalef. «Depuis quelques semaines, des migrants sont contraints de monter à bord d'autocars vers des destinations inconnues. Des opérations menées avec succès et sans grand bruit», nous confie une source à Tanger. «Ce tour de vis des autorités marocaines se reflète également sur la route menant de Belyounech à Ceuta, où la présence de Subsahariens a presque disparue. Sont désormais visibles les membres des Forces auxiliaires et de la police qui y patrouillent. C'est dans ce contexte que s'inscrit la marche d'aujourd'hui.» Mauvais timing pour la diplomatie marocaine La protestation a commencé juste avant le début de la prière du vendredi avec la participation d'environ 200 à 250 migrants. Sur le chemin de la wilaya, ils ont effectué un arrêt symbolique devant le consulat d'Espagne et scandés des slogans en français, anglais et en castillan traduisant leurs revendications de vivre en paix et dans des conditions dignes. L'intervention des forces publiques a empêché les manifestants de poursuivre leur chemin jusqu'au siège de la wilaya de Tanger. Une nouvelle fois, des arrestations ont été opérées dans les rangs des Subsahariens et des autocars étaient présents pour les éloignés de la capitale du Détroit. Mais pour combien de temps ? La marche de ce vendredi 31 août à Tanger tombe au mauvais moment pour Rabat. Hier, des officiels marocains étaient réunis avec le corps diplomatique africain pour expliquer les motifs des rafles menées récemment contre les groupements de migrants subsahariens au nord du royaume. Ce soir dans la commune Boukhalkef, les habitants redoutent de revivre les affrontements sanglants avec les migrants de 2015, où quatre Subsahariens avaient trouvé la mort.