A quelques semaines de l'Aid Al Adha, la question de l'abattage rituel fait toujours débat. Si dans presque tous les pays européens, une dérogation à la règle a été spécialement conçue pour la communauté musulmane et juive, cette pratique sera bientôt totalement interdite en Belgique. Tour d'horizon. En Europe, le sacrifice pour l'Aid Al Adha étant interdit dans tous les pays, les musulmans se tournent vers les abattoirs. Si depuis 2013 les règles relatives au bien-être animal lors de l'abattage préconisent un étourdissement préalable, chaque pays a cependant le droit de légiférer comme bon lui semble. En effet, chaque Etat membre à la possibilité de déroger à cette règle, en prenant en compte «la liberté de religion et le droit de manifester sa religion ou ses convictions par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites», tel que le prévoit l'article 10 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Protection du culte et du rite religieux Ainsi, plusieurs pays ont permis l'abattage rituel, mais là encore chacun y va de ces spécificités. En France par exemple, une dérogation a été conçue pour le culte israélite, puis a été étendue au culte musulman. A ce jour, il y aurait plus de 128 abattoirs agréés pour abattre des animaux sans étourdissement, précise La Croix. Pour répondre à la demande accrue durant la fête de l'Aid Al Adha, des abattoirs temporaires voient également le jour. Les abattoirs fixes disposent d'un agrément délivré par le préfet. Ils sont par ailleurs soumis à un règlement quant à l'équipement et l'exploitation de ces abattoirs. De plus, ces derniers doivent désigner un «responsable du bien-être des animaux» afin de veiller à ce que toutes les procédures prévues soient respectées. Ces dispositions ont également été appliquées en Espagne et en Italie. Dans le pays ibérique par exemple, les exigences au niveau communautaire subissent également une dérogation à la règle lorsqu'il s'agit de rites religieux, à condition que l'abattage soit effectué dans un abattoir. En Italie, à ce jour, il y existe plus de 200 abattoirs agréés. L'abattage qui n'est pas effectué dans un abattoir est strictement interdit et puni par la loi. Belgique, un dernier Aid Al Adha ? En Belgique, le parlement de Wallonie (sud) a interdit l'abattage des animaux de boucherie, sans étourdissement préalable, depuis novembre dernier. De plus, en région flamande, la même mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2019. Les associations musulmanes avaient invoqué la liberté de culte. Toutefois, la justice européenne a finalement donné raison aux opposant à une dérogation à la règle. Cela laisse place à un plus grave problème, relevé par les associations locales, car la viande certifiée halal ou encore kasher sera de moins en moins disponible. Ce qui a suscité la colère, voire l'indignation des collectifs musulmans et juifs qui ont saisi la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Cependant, la Cour a laissé le soin aux juges belges d'évaluer «si le manque de capacité d'abattage en Flandre limite, voire même viole, la liberté de culte», mais estime, qu'une «telle situation qui vaut spécifiquement dans une seule région d'un seul Etat membre, ne peut porter atteinte à la validité du règlement en tant que tel». Un scénario semblable pourrait se produire en France, estime Fethallah Otmani, directeur général de l'association A votre service (AVS), grâce ou à cause d'une pression des associations pour la défense des animaux et surtout celle exercée par le lobby des industriels contre l'abattage rituel. Pour pallier cet éventuel problème, «il faut une présence plus dynamique d'acteurs économiques musulmans afin d'exercer une pression». De plus, Fethallah Otmani souligne qu'il faudrait «préparer un nouveau marché du halal en dehors des phénomènes de masse». Une opportunité pour le Maroc qui a saisi sa chance, en établissant un partenariat pour l'importation de ses viandes sur les étalages wallons. Pour en revenir à nos moutons, dans ce genre de situation deux solutions restent envisageables : l'approvisionnement depuis l'étranger, ou bien de rentrer au pays pour passer la fête de l'Aid Al Adha qui coïncide avec les vacances d'été.